Abstract FR:

Résumé : A la lumière des différents champs scientifiques ayant traité de l'agression, il semblerait qu'une distinction entre l'enregistrement du comportement et celui de l'émotion, de même qu'une distinction entre les effets à court et à long terme de l'agression et des activités physiques soit de nature à expliquer les différences de résultats obtenues par les différentes études ayant traité de la catharsis et de l'effet cathartique du sport sur les comportements d'agression. L'objet de notre étude fut donc double. Tout d'abord, il s'agissait pour nous, par le biais d'une étude longitudinale, d'apprécier l'évolution de l'agressivité chez des enfants de huit ans débutant dans des sports de combat orientaux, et dans un second temps, par le biais d'une expérimentation, de tester sur une même population l'éventuel effet cathartique de ces pratiques sportives sur l'émotion de colère. Les résultats mettent en évidence à la fois une réduction d'agressivité après deux ans de pratique, et une réduction de l'émotion de colère immédiate consécutivement à la pratique. Toutefois, des différences en terme de type de pratique (judo vs karaté), de sexe, de niveau d'agressivité du sujet débutant, ainsi que de cadre de pratique (école vs club) doivent être faites. Ces résultats ont trois implications majeures : (1) les sports de combat orientaux ne sont pas intrinsèquement bénéfiques pour tous les individus du point de vue de l'agression et de la maîtrise émotionnelle - seuls les enfants les plus agressifs et les filles sont concernés par leurs effets, (2) l'enregistrement du phénomène cathartique est effectif lorsque l'on s'intéresse aux émotions et non aux comportements, (3) les études voulant conclure sur l'effet du sport doivent se déplacer sur le lieu de la pratique sportive (avec ses pratiquants habituels) et non se dérouler en laboratoire ou dans le cadre scolaire, auquel cas elles pourront uniquement conclure à l'effet de l'activité physique.