Abstract FR:

Si l'on considère que l'espèce humaine tire de la diversité biologique, appelée également «biodiversité», toute une série de richesses actuelles (nourriture, matériaux de construction, phytothérapie, produits à activité pharmaceutique,…) et futures (chaque espèce est une bibliothèque de gênes) et si l'on accepte que la diversité d'un écosystème lui confère une stabilité vis-à-vis des perturbations environnementales, alors préserver la biodiversité est devenu un enjeu prioritaire. La première étape dans cette préservation est la mesure de la diversité. L'originalité de ce travail réside dans l'utilisation de molécules organiques pour cette mesure. Nous avons choisi des biomarqueurs lipidiques spécifiques des organismes vivants dans ou autour des systèmes lacustres : micro-organismes, plantes supérieures, animaux,… L'étude porte sur 16 sites répartis sur toute l'Europe et ayant subi des modifications connues de leur état trophique au cours du dernier siècle. Après extraction, les lipides sont identifiés par chromatographie gazeuse, sur colonnes capillaires, couplée à une spectrométrie de masse avec traitement informatique des données. Les composés sont quantifiés par chromatographie gazeuse avec étalonnage interne. Notre étude a permis de valider un nouvel indice d'allochtonie complémentaire à ceux déjà existants, de confirmer une mesure de pollution fécale des sédiments lacustres, mais surtout, de construire un modèle diagnostique permettant de détecter rapidement les périodes de changement dans l'écosystème étudié. En effet, la distance euclidienne D calculée à partir des compositions chimiques de fragments de sédiment contigus permet de détecter les changements de façon assez fiable. Le fait qu'une modification de la composition chimique d'un échantillon à l'autre puisse être corrélée à des variations durables de la diversité des organismes vivants reste toutefois à prouver. L'indice de diversité chimique Si détaillé dans ce travail prétend être une bonne approche de la diversité globale des organismes vivants dans un écosystème lacustre et de son évolution dans le temps, et nous mène à l'hypothèse de travail que la biodiversité des espèces dans les écosystèmes étudiés n'est pas autant affectée par les perturbations environnementales à l'échelle du dernier siècle qu'on le pensait.