Abstract FR:

La conservation raisonnee des ressources genetiques necessite une bonne connaissance des forces evolutives qui controlent l'evolution de la variabilite genetique presente dans les populations des especes concernees. Le flux de genes emanant du compartiment cultive peut menacer l'originalite du patrimoine genetique propre aux populations sauvages apparentees, quand les deux compartiments coexistent en situation de parapatrie. Il est donc indispensable de pouvoir estimer l'ampleur de ce flux genique et d'identifier les mecanismes qui permettent, le cas echeant, d'en limiter l'impact (intensite et direction des pressions de selection exercees de facon antagoniste par l'homme et par le milieu naturel). Nous avons applique cette demarche au cas de la luzerne en espagne (medicago sativa l. ) espece autotetraploide et allogame. Notre approche s'est inscrite dans le cadre de l'etude de la variabilite des populations naturelles et des zones de contact entre formes apparentees. Ayant etendu aux organismes autotetraploides les parametres et estimateurs de la differenciation neutre, nous avons procede a une analyse simultanee des niveaux de differenciation mesures sur la base de marqueurs allozymiques et rapd supposes neutres et de caracteres quantitatifs potentiellement selectionnes. Cette etude a permis de montrer qu'il existe un flux genique allant des populations cultivees vers les populations sauvages suffisamment fort pour generer localement des populations hybrides. Toutefois, ce flux n'est continu ni dans le temps ni dans l'espace. Enfin, il est probable que d'importantes pressions de selection s'exercent dans les populations naturelles a l'encontre des caracteres introgresses depuis les formes cultivees. Si le risque de pollution genique est reste jusqu'a present diffus, on peut penser que l'evolution recente de la culture de la luzerne en espagne pourrait rompre l'equilibre subtil qui s'etait mis en place et menacer plus directement l'integrite des formes sauvages.