Abstract FR:

Les enquetes quantitatives menees sur le camping ces 30 dernieres annees n'arrivent pas a cerner le campeur, ni a s'accorder sur ce qu'est le camping. Ces difficultes de comprehension du phenomene posent le probleme de l'anonymat du campeur et d'une relation a la fois universelle et particuliere a la nature. Nous proposons d'apprehender alors le camping par le biais d'une minorite : les campeurs des clubs. Ces derniers jouent un role pionnier dans le developpement du camping en france, et jettent un regard sur l'ensemble du phenomene en constituant differents mondes de la vie. Parmi ces mondes on distingue plus particulierement les associations, les fabricants et la presse. L'examen quantitatif et qualitatif de la revue camping qui federe l'ensemble de cette population permet une analyse de 1926 a 1963 du camping associatif. L'interet de cette revue est de se situer au cur du quotidien des campeurs et de participer a leurs experiences vecues. En se positionnant sur le territoire d'une connaissance ordinaire, le sociologue decouvre ainsi les cadres et les usages souterrains qui donnent un sens au camping, bien different des constats statistiques de l'entassement estival. Deux types de campeurs apparaissent : le randonneur ou vieux campeur qui pratique le camping itinerant ; l'anonyme qui pratique le camping fixe de masse. Le randonneur s'inspire des cadres du club des explorateurs, alors que l'anonyme invente l'ambiance de la promiscuite. Entre ces deux figures se joue un jeu ecologique par la construction d'un territoire sensible : l'air. Cette construction sociale de la nature conditionne alors les expressions de l'archaique, du tissu social ne du devetissement et d'une socialite ludique. De ce fait, le camping est un formidable vecteur des pratiques corporelles libres.