Abstract FR:

Le but de cette étude est d'évaluer l'impact d'un gradient climatique et trophique sur la structure et le métabolisme des lipides de l'euphausiacé Meganyctiphanes norvegica entre trois biotopes très contrastés: la Mer Ligure, La Mer de Clyde et le Kattegat afin de préciser les mécanismes adaptatifs de l'espèce. L'étude de la reproduction et des facteurs environnementaux (conditions trophiques, température et salinité) agissant sur les lipides, composante énergétique essentielle, rassemble les variables majeures déterminant le succès de l'espèce. La reproduction de M. Norvegica fait largement appel aux lipides de réserve énergétique (triglycérides) mais aussi aux phospholipides (phosphatidylcholine) pour l'apport de molécules essentielles au développement. Nous avons pu, grâce à une approche par organe, identifier la stratégie ontogénique de l'espèce: céder peu de réserves énergétiques à la génération suivante mais une quantité importante de molécules essentielles pour un développement rapide optimal. Une estimation du budget énergétique illustre une couverture excédentaire des besoins énergétiques quotidiens dans la mer de Clyde et dans le Kattegat aux périodes de forte abondance alimentaire. Cette situation semble beaucoup plus critique dans la mer Ligure principalement oligotrophe, où le krill alterne croissance et effort reproducteur. La contrainte thermique s'exerce au niveau de la structure et du métabolisme des phospholipides membranaires. Dans le compartiment musculaire de l'abdomen, elle se traduit, par des modifications quantitatives des phospholipides majeurs et au niveau métabolique, des changements de leur degré d'insaturation. La stratégie adaptative de l'espèce dans des milieux oligotrophes est d'assurer une constance des processus biologiques, même si l'apport lipidique est faible. Les mécanismes adaptatifs concernent une alternance entre reproduction et croissance et des modifications de leur fréquence et durée.