thesis

Aspects de la régénération naturelle en forêt dense de Côte-d'Ivoire

Defense date:

Jan. 1, 1988

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Institution:

Paris 11

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Ecological cycle of three canopy forming species are described from Ivory Coast. They exemplify three different strategies or groups which encompass most of the largest trees. These are the pioneer or belukar strategy of which Trema guineensis is the type, the large wind-born group with khaya ivorensis as an example and shade forest species group with Turraeanthus africana. The seed ecophysiology is what distinguishes those groups at first step. Seeds of Trema exhibit a photoblastic dormancy and are very long lived. Seeds of Khaya can endure high evaporative conditions and the dry seed stay alive for a rather long time, meanwhile Turraenthus seed is very rapidly destroyed by dessication and cannot stay alive without ongoing germination. All the other traits of these species are linked with seed type, mainly: dispersal, growth rate, longevity, height, etc. All this canopy species highly benefit from high light level and need gaps to reach maturity. That is why gaps are so important for their succession, and their reproduction can be described as triggered by the cover opening. Past story and surrounding vegetation determine available species for regeneration. This floristical potential can be divided into three main classes: vegetative potential, seed bank, and dispersal potential. As a rule of thumb, they exhibit the same order of priority in their expression. Each potential has to exist, resist and be stimulated to get in the run till the opening space is saturated back. Identity between strategies and potentials, to say shade species and vegetative potential, pioneer and seed bank, large wind-born species and dispersal potential is demonstrated and used to predict natural regeneration after different degrees of perturbations. Some examples of application are given and some stumbling points are discussed.

Abstract FR:

Sur la base d'observations effectuées en Côte-d'Ivoire et dont les résultats déjà publiés figurent en annexe, nous abordons ici la régénération naturelle de la forêt au sens large de dynamique cicatricielle ou de reconstitution après destruction partielle, anthropique ou non. Vu la complexité du milieu et des mécanismes, une modélisation ou simplification a été nécessaire. Nous nous sommes limités aux espèces que nous avons qualifiées de structurales, c'est-à-dire aux arbres qui dominent physionomiquement et écologiquement les formations auxquelles ils appartiennent. Ceci exclut notamment les lianes et les espèces véritablement sciaphiles. Dans la lignée de la tradition forestière et conformément aux idées de MANGENOT et de VAN STEENIS, nous distinguons trois groupes stratégiques d'arbres illustrés chacun par un exemple. Le groupe des "forestières sciaphiles" est illustré par Turraeanthus africana, celui des "géantes anémochores" par Khaya ivorensis et celui des "pionnières" par Trema guineensis. La comparaison des caractères vitaux de ces trois espèces avec ceux de dix autres espèces montre le caractère "naturel" de ces groupes, leur validité quant à l'étude de la régénération naturelle. Les caractères les plus marquants de ces groupes se rapportent à l'écophysiologie des graines qui présentent une dormance secondaire chez les pionnières et n'en présentent pas chez les deux autres groupes. Les graines des géantes anémochores se distinguent en effet par leur aptitude à supporter la déshydratation, alors que celles des "forestières" y sont, au contraire, très sensibles. Au chapitre 2, nous introduisons une simplification supplémentaire, en privilégiant une vision de la dynamique forestière marquée par la phase d'ouverture et le rôle de la "composition floristique initiale". Ceci est justifié par le fait que nous ne considérons que des arbres plus ou moins héliophiles et celui que nous considérons uniquement des ouvertures qui n'affectent pas les qualités physico-chimiques du sol (au contraire de leurs qualités biologiques). Cette simplification permet de tirer parti d'une notion classique que nous remettons à l'honneur : celle de "potentiel floristique". Elle permet d'intégrer, dans le schéma explicatif de la régénération naturelle, les conditions stationnelles et historiques. En accord avec d'autres auteurs anciens ou actuels, nous distinguons trois formes principales de potentiel : le potentiel végétatif, le potentiel séminal édaphique et le potentiel extérieur ou advectif. Ces trois formes de potentiel s'expriment quand elles en trouvent la possibilité (existence +survie+ stimulation), selon l'ordre de priorité du premier arrivé, c'est-à-dire : potentiel végétatif puis potentiel séminal édaphique puis potentiel advectif. Leur résistance au choc de l'ouverture croit dans le même ordre. On met enfin et surtout en évidence une concordance entre forme de potentiel et stratégie. Cet ensemble de considérations permet de montrer qu'en fonction de l'intensité des perturbations, de leurs répétitions, la régénération naturelle conduit à des formations dominées par des plantes issues d'un potentiel floristique ou d'un autre, écologiquement bien différents. On aboutit à des changements floristiques et dynamiques profonds. Nous donnons quelques exemples d'évolution de la végétation interprétés selon notre modèle : trouée –persistance – stimulation - expression, le premier à l'échelle de la trouée de chablis, le deuxième à l'échelle du champ sur brûlis, le troisième à l'échelle du paysage. Le modèle permet de montrer qu'il est possible d'orienter la régénération naturelle pour favoriser le développement de formations dominées par des espèces de tel ou tel groupe stratégique. Dans la majorité des cas, il importe surtout d'éviter le développement explosif et quasi irréversible des espèces les plus envahissantes. La lenteur des processus d'évolution vers un hypothétique climax est telle qu'il importe de garder la plus extrême prudence quant à l'aménagement des formations plus ou moins primaires encore existantes et dont le "potentiel" biologique est inestimable.