Maternités et paternités infanticides dans les journaux télévisés (1962-2018) ˸ individualisation des crimes, rationalisations genrées, asymétries relationnelles
Institution:
Paris 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Combining a sociohistory of representations and an analysis of television news items, this thesis considers how national TV news discourses (re)configure motherhood and fatherhood, masculinities and femininities, from 1962 to 2018.Infanticide was first invisibilized by the French State television, which was reluctant to portray crimes that threatened to weaken national unity, and thereafter set aside by editorial staffs unwilling to feature family disorders. It eventually gained representation in the second half of the 1980s, after the television sector was progressively opened to competition. During that period, the recognition of children as persons and the rise of figures of victimhood contributed to the simplified representation of family as a dangerous place. However, the parental dimension of the crimes was still rarely discussed: women were usually shown as sick mothers and fathers as violent men.From 2005 on, media coverage of the phenomenon exploded, before drastically falling a decade later. The showing of individualized parental figures goes hand in hand with an increased problematization of motherhood and fatherhood. While the majority of female criminals are presented as “good mothers”, the devastating effects of oblative maternity on personal well-being were given more consideration. As the part they play remains peripheral to a family unit they still depend upon, men are only very slowly embracing the culture of intimacy. All in all, media representations influence the tensions endured by motherhood and fatherhood, as they engage with second modernity: they challenge feminine identity sacrifices and the weak integration of fathers within the relational family.
Abstract FR:
Croisant une sociohistoire des représentations de l’infanticide et une étude du fait divers télévisuel, cette thèse analyse les (re)configurations des maternités et paternités, des masculinités et féminités, que condensent les discours produits par les journaux télévisés nationaux entre 1962 et 2018.D’abord invisibilisé par une télévision d’État soucieuse de protéger l’unité nationale, puis mis à distance par des rédactions réticentes à montrer des désordres familiaux, l’infanticide accède à la représentation dans la seconde moitié des années 1980, à mesure que la télévision s’ouvre à la concurrence. La reconnaissance de l’enfant comme personne et des victimes n’est pas innocente dans cette monstration simplifiée de la famille comme un lieu de danger. Néanmoins, la dimension parentale des crimes est peu abordée : en tendance, les femmes sont montrées comme des mères (malades) et les pères comme des hommes (violents). À partir de 2005, la médiatisation des infanticides augmente considérablement, avant de décroître à partir de 2014. La monstration de criminel.le.s individualisé.e.s va de pair avec une problématisation accrue des parentalités. Si les meurtrières restent souvent présentées comme de « bonnes mères », les effets dévastateurs de la maternité oblative sont davantage reconnus. Les hommes, qui occupent toujours des rôles périphériques à la famille, dont ils restent dépendants, entrent timidement dans une culture de l’intimité. Les représentations médiatiques travaillent des tensions caractéristiques du passage de la première à la seconde modernité : elles problématisent les sacrifices identitaires féminins et la faible intégration des pères dans la famille.