L'impensé informatique (miroir du quotidien "Le Monde", 1972-1980) : archéologie critique des représentations de l'informatisation à l'épreuve de ses impensés sociétaux et des stratégies discursives d'imposition d'un silence techno-logique
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work sets out to understand the silence surrounding what we now call in french "informatique" by going back the critical failure of the theme "computing and personal freedom" in the seventies. It analyses how the computerization of our society is portrayed throughout a collection of 516 articles from "le monde" (19721980). Spurred on by 3 key questions it shows that : 1 computing is not perceived as the product of society, but upon its moral code or its technical ideology, 2 that much is written about computing as being an instrument of rationalization, while the underlying conscience or the core mouvement which supports it remains globally very weak, 3 that computing is not considered as a political tool : the law, technical security and the ideology associated with communication pretend to correct or compensate for any type of political problems it might raise. In this way, paradoxically, one of the most effective ways of knowledge of democracy by itself remains in fact "un impensé".
Abstract FR:
Ce travail se propose de comprendre le silence qui entoure désormais l'informatique, son "invisibilisation", en remontant au moment de l'échec critique du thème "informatique et libertés" dans les années 70. Il analyse, par confrontation à un "modèle", l'évolution des représentations de l'informatisation à travers un corpus de 516 articles du quotidien "le monde" (1972-1980). Sous l'impulsion de trois questions-clés (inférées du "modèle"), il montre : 1 que l'informatique n'est pas appréhendée comme un construit sociétal, mais sur le mode moral et ou d'une légitimation purement technicienne ; 2 que l'informatisation est massivement décrite, de fait, comme instrument de rationalisation, alors que la conscience de "l'envers du décor" ou du mouvement de fond qui la porte reste globalement très faible, 3 que l'informatique n'est pas pensée comme un outil politique parce que le droit, la sécurité technique et l'idéologie de la communication prétendent pouvoir corriger compenser les problèmes de type politique qu'elle soulève. Ainsi paradoxe, l'un des principaux outils de connaissance de la démocratie par elle-même et de recomposition du politique (comme générateur des catégories légitimes), reste en fait un impensé.