La référence à la société de l'information dans les milieux de l'éducation populaire français : levier de la réactualisation d'un projet centenaire ?
Institution:
Paris 13Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis adresses, in a communicational approach, the following paradox : some actors of the French popular education sector refer to the information society project, whereas this project has mainly been promoted by industries and public authorities who invest strategic and ideological stakes in it that are totally unfamiliar to popular education circles. The first goal of the research is to show that the use of this reference isn’t as fortuitous as it seems. We show that this reference comes within the framework of the popular education federations’ loss of legitimacy and their project being questioned. Therefore, the use of this reference appears as a way of getting out of the crisis. But it also proceeds from a tradition of media appropriation rooted in the 19th century, of which this thesis highlights the innovative and singular nature, but also the failures and ambivalences. The second goal of the research is to examine the stakes and the transformations that this reference underlines, first in the popular education sector, and second in the public mediasphere. By examining these factors, this thesis reveals divisons among actors of this sector. It points out the fact that popular education refers to a sector with unstable borders and which heterogeneous orientations of its constituent project are regularly questioned. The emergence of new stakes related to the expansion of a “connexionnist” world reveals these tensions and takes part in the project being questioned. It also gives new actors opportunity to contest the hegemony of instituted actors. The research relies on discourse and practices analysis, along with projects themselves.
Abstract FR:
Cette thèse s’intéresse, dans une perspective communicationnelle au paradoxe suivant : certains acteurs du secteur de l’éducation populaire font référence au projet de société de l’information, alors que ce dernier est porté au départ par des industriels et pouvoirs publics qui l’investissent d’enjeux stratégiques et d’une idéologie parfaitement étrangers aux milieux de l’éducation populaire. Le premier objectif de la recherche est de montrer que l'usage de cette référence n’est pas aussi fortuit qu’il y paraît. Nous montrons que cette référence s’inscrit dans le contexte de la perte de légitimité des fédérations d’éducation populaire et de remise en question du projet qu’elles défendent. Aussi, en se référant à la société de l'information, ces acteurs en font une voie de « sortie » de crise. Cependant, l'usage de cette référence procède également d’une tradition d’appropriation des médias ancrée au 19e siècle, dont la thèse s’attache à mettre en évidence le caractère pionnier et singulier, mais également les échecs et les ambivalences. Le deuxième objectif de la recherche est d’examiner les enjeux et transformations que cette référence met en lumière, d’abord dans le secteur de l’éducation populaire, puis dans l’espace public médiatique. A travers ces deux objectifs, la thèse appréhende les clivages entre les différents acteurs. Elle fait ressortir que l’éducation populaire désigne un secteur dont les frontières ne sont jamais stables et que les orientations, hétérogènes, de son projet constitutif sont régulièrement mises en question. L’émergence de nouveaux enjeux liés au développement d’un monde dit « connexionniste » révèle ces tensions et contribue à réinterroger les orientations du projet, en même temps qu’elle donne l’occasion à de nouveaux acteurs de contester l’hégémonie des acteurs institués. La recherche s’appuie sur l’analyse des discours et pratiques, ainsi que sur l'étude des projets et dispositifs eux-mêmes, à travers des matériaux recueillis à l’occasion de cette thèse (entretiens, enquête).