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L'Internet politique au Liban : vers un nouvel espace de conflit ?

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Jan. 1, 2010

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Institution:

Grenoble

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Cette thèse porte sur l'usage politique de l'Internet au Liban. Il s'agit d'un nouveau phénomène qui vient s'ajouter aux autres moyens de communication dans ce pays où les différents acteurs politiques ont historiquement la mainmise sur le secteur médiatique. L'Internet est l'une des TIC auquel les acteurs politiques et les citoyens ont recours récemment pour faire passer leurs messages et s'exprimer au delà des médias classiques. L'introduction de l'Internet dans le champ politique au Liban date d'un peu plus d'une décennie; la première mise en ligne de sites dédiés à un parti remonte à l'année 1997. A noter qu'au Liban, pays qui est caractérisé par une longue histoire des conflits entre ses acteurs politiques, les médias sont toujours considérés comme des « armes de guerre ». Comme les médias, surtout les médias audiovisuels, sont possédés par les partis et les hommes politiques, ils ont joué le rôle de porte-parole en faveur des communautés et des partis. Dans cette recherche, nous cherchons à appréhender les usages que font les partis de l'Internet et la manière dont ils usent de cet outil: La communication politique partisane sur l'Internet aboutit-elle à de nouvelles pratiques ou bien reproduit-elle les modes classiques déjà établis sur les autres supports partisans ? Le site d'Internet est-il considéré comme un moyen d'information en faveur du parti ou bien un moyen de manipulation ou de propagande contre l'adversaire ? Quel rôle peut jouer le site dans le conflit entre les partis, s'ajoute-il aux autres médias classiques considérés comme des « armes de guerre »? Cependant cette recherche ne tend pas seulement à se focaliser sur les stratégies et les pratiques des acteurs politiques dont il est question sur Internet mais il s'agit aussi d'aborder les usages que font les citoyens qui prennent part aux discussions électroniques. L'Internet offre aux utilisateurs la possibilité de créer des espaces de discussion, de prendre la parole et de s'exprimer. Plusieurs supports sont à la disposition des internautes pour engager des discussions en ligne (blog, liste de discussion, courrier électronique, forum et, plus récemment, sites des réseaux sociaux comme Facebook, Myspace et Twitter. Au Liban, les internautes participent aussi aux discussions politiques en ligne et leur participation discursive se décline de multiples façons. Parmi celles-ci c'est Facebook qui connaît une progression au Liban car, parmi ses fonctionnalités, il permet aux utilisateurs de créer des groupes de discussion. L'une des questions de cette thèse est de vérifier si l'Internet, via les groupes de discussion, constitue un espace de rapprochement entre les internautes ou, en revanche, un espace de conflit. Le recours à l'Internet ne peut pas être perçu hors contexte socio-politique. Dans un pays comme le Liban, dont le système politique et médiatique est caractérisé par le confessionnalisme, l'usage de l'Internet n'échappe plus aux clivages confessionnels. L'Internet est largement utilisé dans les conflits comme une « arme de guerre ». Les acteurs exploitent l'espace électronique pour attaquer l'adversaire et mener leur propagande politique. La médiatisation de la communication politique sur les sites constitue un prolongement du fonctionnement de la domination confessionnelle et partisane sur le champ médiatique. Les sites du parti, comme les autres médias traditionnels libanais, n'échappent plus à la polarisation confessionnelle. Ils forment une nouvelle tribune pour donner de la visibilité aux conflits entre les partis (montée du discours confessionnel, radicalisation des opinions, etc…). Quant aux citoyens, ils ont aussi tendance à transformer les groupes de discussion en un espace conflictuel. L'Internet est un espace ouvert, mais il est un reflet de la tension politique hors ligne, autrement dit les participants, qui prennent part aux discussions politiques, transmettent les mêmes divisions au réseau Internet. En ce sens, il apparaît que l'échange, dans ces groupes, est ouvert au conflit beaucoup plus qu'au consensus. La charge conflictuelle est ancrée dans les discussions entre les participants qui usent de toutes les armes énonciatives pour défendre leurs doctrines et combattre celles qui en diffèrent. Les internautes ne font que transmettre, au réseau électronique, les querelles de la vie politique du Liban.