Abstract FR:

L'internet est devenu essentiel dans les pratiques de production d'informations médiatisées au cours des dix dernières années, illustrant l'essor des " relations publiques généralisées ". Parallèlement, des représentations se sont banalisées, prêtant à l'internet des pouvoirs déterminants pour le changement social, traduits par les expressions " révolution numérique ", " journalisme citoyen ". Cet imaginaire abondamment véhiculé par les médias est aussi mis à profit par ceux-ci dans le cadre de stratégies de repositionnement liées à l'internet. Ainsi nous interrogeons la mobilisation de ce technodéterminisme par une presse dite " de référence ", dont l'investissement en ligne implique le maintien, sinon la réhabilitation d'une certaine image de marque. Comment ces discours technicistes et les pratiques dites " du web 2. 0 " valorisés au sein de l’espace public se trouvent-ils activés au sein d’organisations institutionnalisées par l'élitisme, moins susceptibles de s'ouvrir à l’information dite " participative " ? Quelles sont les stratégies d'acteurs variés internes à l'entreprise de presse pour préserver, voire renforcer leur statut ? L'évocation chronique par la presse de " La Crise " qui l'affecterait permettrait-elle de justifier, voire dissimuler des dissonances impliquées par les mutations ? Ce travail porte particulièrement sur la plate-forme de blogs du journal Le Monde, carrefour d'enjeux individuels et pluriels multiples, à des échelles hiérarchiques variées. Le blog est mis à profit par le journal pour à la fois valoriser une image de " proximité " avec ses lecteurs (qualifiés " citoyens ") et asseoir plus aisément des logiques capitalistiques (les internautes devenant alors " consommateurs ").