Abstract FR:

Nous avons etudie la prise en compte des moyens de communication par les catholiques et les protestants en france et avons centre notre analyse sur le role et l'influence de l'iconophobie dans l'approche qu'ont les uns et les autres des medias. Cette etude a implique l'analyse des discours tenus par les autorites ecclesiastiques ou par des intellectuels catholiques et protestants, discours figurant dans des declarations officielles, des ouvrages, des journaux, des revues ou sur des sites internet. L'etude entreprise prouve que la querelle des images est au cur de la theologie des mediations et de la prise en compte par les catholiques et par les protestants des moyens de communication. Les crises iconoclastes n'ont donc rien perdu de leur actualite et les conceptions jansenistes conservent un impact certain sur le debat actuel. On peut en effet montrer, d'une part que l'emergence, a port-royal, d'une position mediane sur la question de l'image, eclaire les debats contemporains, d'autre part que cette position mediane est un point d'equilibre sans cesse remis en question par la tentation iconoclaste protestante et les exces de l'iconophilie catholique. L'emergence de nouveaux moyens de communication, des la fin du xixe siecle, ne modifie pas fondamentalement le debat initial, comme on peut s'en apercevoir en analysant, au cours du xxe siecle, chez les catholiques comme chez les protestants, les mecanismes complexes de rejet, d'appropriation, de desaffection des medias, lies aux theologies des mediations et aux approches specifiques des problematiques de l'image. Mais les technologies les plus recentes (internet, televisions interactives) changent considerablement la donne. La dimension polemique de la coexistence de deux theologies opposees des mediations s'estompe, cependant que s'accuse la difference entre les approches catholique et protestante des moyens de communication. Les nouvelles technologies de l'information et de la communication permettent au catholicisme de s'affirmer en tant qu'eglise du visible, inscrite dans l'espace, alors que le protestantisme renforce son statut d'eglise de la parole, inscrite dans le temps.