Abstract FR:

La presse coréenne se caractérise, pendant la période étudiée de 1961 à 1987, d'une part par un développement très rapide des entreprises de presse et du tirage de leurs journaux et, d'autre part, par une paralysie grandissante de leur fonction critique. Pendant cette époque, le chiffre d'affaires des grands quotidiens nationaux a connu une croissance beaucou plus rapide que celle du produit national brut de Corée du sud. Mais cette augmentation quantitative ne fut pas suivie de mêmes progrès sur le plan qualitatif. Dès les lendemains du coup d'état militaire du 16 mai 1961 et jusqu'au début de la démocratisation du pays en 1987, les régimes qui se succédèrent mirent en place des mesures coercitives en vue de contrôler les médias. Face à ces pressions, les différents acteurs de la presse coréenne réagirent en ordre dispersé. Les éditeurs de journaux, objets de toute la solliciture des autorités qui ménagèrent pas leur assistance financière, collaborèrent : abandonnant leur fonction de contre-pouvoir, leurs journaux dans un double but commercial et politique, privilégièrent le sensationnalisme et la propagande au détriment de l'esprit critique qui s'asphyxia graduellement. De leur côté, bon nombre de journalistes protestèrent contre cette mise au pas de la presse. Beaucoup perdirent leur emploi à la suite de leur action mais continuèrent de lutter aux côtés des étudiants et des dissidents, contribuant ainsi à démocratiser le pays. Ces politiques coercitives et la soumission des médias aux autorités pendant ces années ont laissé des traces profondes dans la société et la presse coréenne. Et les difficultés qu'elles rencontrent aujourd'hui trouvent leurs racines dans ce passé trouble.