Résistance épistémique des actrices et acteurs (descendant-e-s) de l’immigration postcoloniale : Mémoire, subjectivité, sagesse
Institution:
Paris 13Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
In search of an ethical approach, this PhD dissertation highlights the ways of epistemic resistance crafted by social actors and actresses with a North-African postcolonial immigration background. Such resistance aims at liberating themselves from the epistemic violence that deprives them of a possible self-definition and self-representation, and thus retrieving and listening to the voice silenced by such violence. Three ways of epistemic resistance – memory, subjectivity, wisdom –allowing to raise an autonomous voice are at the center of this twofold approach dissertation. The first part focuses on the cultural and memory practices of Toulouse Vitécri, Zebda and Tactikollectif militants in order to retrieve a silenced voice and politically exist. Held as illegitimate in the eyes of the dominant group, those militants open a path toward a political consciousness trans/formation that embraces wisdom, subjectivity and memory. Memory plays a key role in the militants' subjectivity rebuilding that aligns with their self-definition. The second part focuses on a sorority militant space in Blanc-Mesnil (Seine Saint Denis) intended by Quelques Unes d’Entre Nous (Some of Us) women’s collective. Resisting through artistic expression aims at recovering their silenced voice but also at bringing their participant allies to listen to it. By ways of subverting the epistemic power relations through the search of a genuine encounter, this collective space helps the ignored wisdom to resurface, that will henceforth be shared as a collective intelligence. Those safe and transformative collective spaces thus act as a subalternative social relationship and fall within decolonial practices.
Abstract FR:
En quête d’une approche éthique, cette thèse met en évidence les formes de résistance épistémique façonnées par les actrices et acteurs (descendant-e-s) de l’immigration postcoloniale originaires d’Afrique du Nord. Cette résistance vise à se libérer de la violence épistémique qui les prive de la possibilité d’une autodéfinition et d’une autoreprésentation, pour ainsi retrouver et écouter la voix étouffée par cette violence. Trois formes de résistance épistémique - mémoire, subjectivité, sagesse - permettant de produire et prendre une parole autonome sont au cœur de l’analyse des deux parties de la thèse. La première partie porte sur les pratiques culturelles et mémorielles des militants de Vitécri, de Zebda et du Tactikollectif à Toulouse pour retrouver une voix étouffée et exister politiquement. Considérés comme illégitimes aux yeux des dominants, ces militants s’acheminent vers une trans/formation de conscience politique qui embrasse la sagesse, la subjectivité et la mémoire. La mémoire joue un rôle indispensable pour que les militants se reconstruisent une subjectivité en accord avec leurs autodéfinitions. La deuxième partie porte sur un espace militant de sororitéà Blanc-Mesnil voulu par le collectif des femmes Quelque Unes d’Entre Nous. Leur résistance par l’expression artistique vise à retrouver leur voix étouffée mais aussi à amener les allié-e-s participant-e-s à cet espace à l’écouter. Par la subversion des rapports épistémiques de pouvoir en recherche d’une rencontre véritable, cet espace collectif fait resurgir la sagesse ignorée qui sera dès lors partagée comme une intelligence collective. Ces espaces collectifs sécurisants et transformateurs proposent ainsi un rapport social subalternatif et s’inscrivent dans des pratiques décoloniales.