Le voile intégral en perspective : France, 2008-2019
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This dissertation focuses on a contemporary feminine phenomenon: the veiling of the face of French Muslim women between October 2008 and 2019, the year that marks the end of the Islamic State in Syria. This work is both textual and visual. It begins with a search for occurrences of facial veiling in Western culture, particularly in the Catholic monastic tradition, as well as in the different Muslim cultures, which today serve as a reference to the symbolic revivalism of an original Islam. The compilation of occurrences of facial veiling continues with a census of cultural and artistic productions, as well as different trends of modernity such as zentai and facekini.This study was conducted in real time following the appearance of a phenomenon related to its media coverage around its ban in 2010. The goal is to capture a manifestation of religiosity visible from an unprecedented angle: not as a simple religious fact, but as an expression of modernity, a transgression in relation to the traditional veil and the secular consensus of French society, perceived as eradicating the expression of Muslim identity. The niqab/veil is a reaction of opposition, not the resurgence of a culture of origin. It is also a subversive tool for a part of the French population who find in visible Islam a way to free themselves from state authority, especially since its demonstrations are the subject of a strong popular rejection. Not to mention more prosaic reasons that push some women to isolate themselves from society to protect themselves from invasive masculinity.This work seeks to capture a largely fantasized phenomenon, through empirical research with more than two hundred niqab wearing women enriched with interviews over a decade. Filming allowed me to set their speech and make five documentaries that serve as references to the demonstration.
Abstract FR:
La présente thèse porte sur un phénomène féminin contemporain : le voilement du visage chez des musulmanes françaises, entre octobre 2008 et 2019, année qui marque la fin de l’État islamique en Syrie. Ce travail se veut à la fois textuel et visuel. Il commence par une recherche des occurrences du voilement du visage dans la culture occidentale, notamment dans la tradition monacale catholique, ainsi que dans les différentes cultures musulmanes, qui servent aujourd’hui de référence au revivalisme symbolique d’un islam des origines. La compilation des occurrences du voilement du visage se poursuit par un recensement des productions culturelles et artistiques, ainsi que des différentes tendances de la modernité comme le zentaï et le facekini.Cette étude a été réalisée en temps réel en suivant l’apparition d’un phénomène en lien avec sa médiatisation autour de son interdiction en 2010. Le but est d’appréhender une manifestation de la religiosité visible sous un angle inédit : non pas comme un simple fait religieux, mais comme une expression de la modernité, une transgression par rapport au voile traditionnel et au consensus laïc de la société française, perçue comme éradicatrice de l’expression identitaire musulmane. Le niqab est une réaction d’opposition, et non la résurgence d’une culture d’origine. Il est aussi un outil subversif d’une partie de la population française qui trouve dans l’islam visible une manière de s’affranchir de l’autorité étatique, notamment depuis que ses manifestations font l’objet d’un fort rejet populaire. Sans oublier des motifs plus prosaïques qui poussent certaines femmes à s’isoler de la société pour se protéger d’une masculinité envahissante.Ce travail cherche à appréhender un phénomène largement fantasmé, au moyen d’une recherche empirique auprès de plus de deux cents femmes portant le niqab enrichie d’entretiens suivis sur une décennie. La caméra m’a permis de fixer leur discours et de réaliser cinq documentaires qui servent de références à la démonstration.