thesis

Une ethnographie de l'innovation ouverte : le cas de "La Cantine Numérique"

Defense date:

May 9, 2019

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Institution:

Paris Est

Disciplines:

Authors:

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Abstract EN:

To innovate innovation. This is the idea of open innovation, which is declared - as soon as it is formalized in the management sciences - as the “new imperative for creating and profiting from technology”. Presented first and foremost as a new management paradigm, this notion covers very varied definitions and realities depending on the actors, who are increasingly seeking out its organizational modes. This dissertation focuses precisely on this search for new models that are built neither within companies, nor only by innovation collectives, but through physical places that emerge in digital worlds to act in the in-between, as third spaces to the latter. We intend to show that this permanent research, far from being random, is organized beyond an assembly of management tools, by modes of action and representation that are constituted within these places, in a situated way, also in the form of new practical and relational conventions of cooperative work. In an empirical approach, we propose to study these places through an ethnographic immersion in the experience of La Cantine, the first co-working space to emerge as the centre of digital innovation in Paris, managed by a business association, Silicon Sentier. Initiated as a participant observation in 2010, the survey was conducted between 2011 and 2014 on three fronts: the place, open innovation dispositifs and intermediation work carried out at the boundaries of heterogeneous worlds. The description follows the way in which a particular approach of open innovation emerges in the course of the institutionalization trajectory of the place (Part 1), through its material dimension and hybrid framing modes (Part 2), as well as through the intermediation work carried out by its staff (Part 3). This dissertation mobilizes a plurality of theoretical frameworks to analyze each of these aspects: an ecological approach of social worlds, a situationist approach of frames and framing and finally, an interactionist approach of cooperative work. By articulating these approaches, we finally propose a conclusive study that makes it possible to broaden the scope of the reflection built within La Cantine, when open innovation dispositifs are disseminated in the world of organizations. This expansion makes it possible to characterize these “boundary-dispositifs” by a permanent movement of framing and overflowing, of common structure and interpretative and organizational flexibility, of formalization and destabilization through which the principles of cooperation originated in digital worlds can not only be translated into the interaction order, but also institutionalized in worlds that are increasingly distant as well

Abstract FR:

Innover l’innovation. Telle est l’idée de l’innovation ouverte qui, dès sa formalisation dans les sciences de gestion, est déclarée comme le « nouvel impératif pour créer et profiter des technologies ». Présentée comme un nouveau paradigme de gestion, cette notion recouvre cependant des définitions et des réalités fort variées selon les acteurs qui sont toujours de plus en plus nombreux à rechercher ses modes d’organisation. Cette thèse porte précisément sur cette recherche de nouveaux modèles qui ne se construisent ni au sein des entreprises ni seulement par des collectifs d’innovation, mais à travers des lieux et des dispositifs de coopération en présentiel qui émergent dans les mondes numériques pour agir dans l’entre-deux, comme des espaces tiers à ces derniers. Elle entend montrer que cette recherche permanente, loin d’être aléatoire, est organisée au-delà d’un assemblage d’outils de gestion, par des modes d’action et de représentation qui se constituent au sein de ces lieux, de manière située, sous forme de nouvelles conventions pratiques et relationnelles du travail coopératif. Dans une démarche empirique, cette thèse propose une immersion ethnographique dans l’expérience de « La Cantine », le premier espace de coworking qui se constitue comme le haut lieu de l’innovation numérique à Paris, géré par une association d’entreprises, Silicon Sentier. Initiée en 2010 comme une participation observante, l’enquête est conduite entre les années 2011 et 2014 sur trois fronts : le lieu, les dispositifs d’innovation ouverte et le travail d’intermédiation mené à la frontière de mondes hétérogènes. Plutôt que de considérer l’innovation ouverte comme une donnée d’entrée, la description permet de suivre la manière dont une conception particulière émerge dans la trajectoire d’institutionnalisation du lieu (Partie 1), à travers sa dimension matérielle et ses modes de cadrage hybrides (Partie 2), ainsi que dans le travail d’intermédiation réalisé par ses permanents (Partie 3). La thèse mobilise une pluralité de cadre théorique pour analyser chacun de ces aspects : une approche écologique des mondes sociaux, une approche situationniste des cadres et des cadrages et, enfin, une approche interactionniste du travail de coopération. En articulant ces approches, elle propose enfin une étude conclusive qui permet d’élargir la portée de la réflexion construite au sein de La Cantine, au-delà de celle-ci, lorsque des dispositifs d’innovation ouverte se diffusent dans le monde des organisations. Cet élargissement permet de caractériser ces « dispositifs-frontières » par un mouvement permanent de cadrage et de débordement, de structure commune et de flexibilité interprétative et organisationnelle, de formalisation et de déstabilisation à travers lequel les principes de coopération provenant des mondes numériques sont non seulement traduits dans l’ordre des interactions, mais aussi institutionnalisés dans des mondes de plus en plus éloignés