Les jeunes Camerounais et le sida : sociologie d'une non-protection face à la maladie
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work aims to shed light on the reasons for youths living in urban and rural Cameroon, not protecting themselves against HIV/AIDS. It explains how these well informed young people, at times paradoxically behave in a context of misunderstandings, or carry out practices that go against HIV/AIDS protection and prevention values they support. In-depth interviews, focus groups discussions and observations were conducted with young men and women aged 15-24 years. In addition to the fieldwork, data from the Cameroonian Demographic and Health Survey (2004) were used as macro indicators. Research results indicate that their exposure to the AIDS pandemic has to do particularly with, among other factors, having more than one sexual partner, not using preventive methods (full-contact), or not using them on a regular basis; ignoring one's serologic status and that of the partner. These risky practices rely on several types of logic, which are mutually inclusive:'cultural logic, logic of interactions, and economic logic. When risky behaviours, adopted by these youths go against the strong values of fidelity and protection to which they subscribe, they then make use of rationalization in order to solve the contradiction. In this attempt, several techniques are used (selecting information, explaining by using contingent features, denying, playing down the risk, etc. ). The locus of control, which is constructed among the majority of these youths in terms of exteriority, pushes them to underestimate the role of the social actor in prevention. The belief in Conspiracy theory, good luck, bad luck, God, fate, witchcraft, ancestral vengeance and punishment, strong blood, cheap condoms, become so many uncontrollable powers, which intervene in their lives and expose or protect them against evil and/or HIV AIDS. Perceived externally, these beliefs seem irrational. However, they make sense for its followers.
Abstract FR:
Les jeunes du Cameroun que les résultats des recherches (EDS 2004 ; ESC 2001) présentent comme bien informés sur le VIH/Sida ont des pratiques d'exposition au risque du Sida notamment au travers j des comportements comme le multipartenariat, le monoparténariat avec un partenaire qui a plusieurs partenaires, la non utilisation (full contact) ou l'utilisation occasionnelle du préservatif, la séroignorance de son statut et de celui du partenaire. . . Le présent travail est une recherche sociologique qui a mobilisé les entretiens individuels répétés et focus groups auprès des jeunes de 15-24 ans de milieux urbain et rural du Cameroun. Il avait pour objectif de rendre compte des facteurs qui sous-tendent ces comportements d'exposition au risque. Les résultats indiquent que la non-protection des jeunes rencontrés relève de plusieurs types de logiques qui se combinent : des logiques d'univers culturel, des logiques de pauvreté et des logiques d'interactions. Face aux enjeux de sexe et de mort : qui constituent pour eux un double enjeu terrifiant, ces jeunes mettent en œuvre des mécanismes de • défense pour les évacuer. Ils concernent la rationalisation du risque d'une paît et la désignation des boucs émissaires d'autre part. La rationalisation du risque'implique la sélection des informations qui vont dans leur sens, la réinterprétation des messages visant à les conforter dans leurs pratiques non-conformes au discours médical sur la prévention, la relativisation du risque (comparaison des différents types de risques présents comme le choléra, la fièvre typhoïde, le paludisme, les accidents de la route. . . ). Les boucs émissaires concernent la malchance, la chance, l'Occident, le complot contre l'Afrique, le mauvais préservatif, la sorcellerie. . . Ces procédés de rationalisation et de «bouc émissarisation » à la fois leur permettent de justifier leur comportement non conforme au discours médical sur la prévention et de conjurer la peur d'être infecté.