Identités, carnaval et industrie de la culture dans le Nordeste du Brésil : la "micareta" du Fortal
Institution:
Aix-Marseille 1Disciplines:
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Dans les années 1990, les "carnavals hors-dates" se sont multipliés dans le Nordeste du Brésil, puis dans l'ensemble du pays. Organisés sur le modèle du carnaval commercial de Salvador, ces "micaretas" sont des défilés de camions-sono ("trios elétricos") mettant en scène des musiciens de varietés. L'accès aux abords de ces "trios" est payant et réservé aux clients des entreprises organisatrices, les "blocos de trio". La "micareta" qui a lieu à Fortaleza est l'une des plus importantes du pays, réunissant la jeunesse locale, non seulement à l'intérieur mais également à l'extérieur du défilé des "blocos". Cette participation active et massive au "fortal" est paradoxale : pourquoi ces adolescents, toutes classes confondues, plébiscitent-ils cet événement commercial, hautement élitiste et étranger a toute tradition "cearense" ? La contradiction entre leur discours de distanciation par rapport à l'industrie culturelle et leurs pratiques d'adhésion aux entreprises-blocos accentue l'ambigui͏̈té de leur relation à la "micareta". Les principaux éléments de compréhension sont complexes et se situent à deux niveaux : culture nationale et identité nordestine. D'un côté, le succès de la "micareta" s'explique par la place (et le rôle) central de la fête carnavalesque dans la culture nationale brésilienne, ainsi que par la prégnance d'éléments culturels lies aux mass-médias ; d'autre part, cette fête représente le pendant culturel du processus de modernisation économico-politique que connaît actuellement le "ceara", offrant ainsi une image valorisante de ses participants, en opposition à l'image traditionnellement stigmatisée qui afflige les Nordestins.