La violence conjugale, une transgression révélatrice des normes de la conjugalité contemporaine
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Never has marital abuse been spoken about so much. Never has it been so shocking, putting together durably what society defines as incompatible : love and violence. This work is the consequence of a bet : the bet is that allowing women and men to speak -some of them having faced marital abuse, whereas others are "standard" wives and husbands- would allow the understanding of how love and violence can co-exist. All of them have been interwieved to know how they had built up their married life. All of them have revealed that violence, under all its forms, is not an exception within the couple. As a matter of fact, marital adaptation requires flexibility, to be able to negociate or even to change habits, in order to avoid hurting one's partner. But all partners do not have this capacity, which depends on their relation skills and more deeply, on their self-esteem. In a number of couples, it happens that violence, being supported by "marital dynamics", increases until it turns the relation into a situation in which one of the partners has no rights any more, which is the very definition of marital abuse. In its social representation, marital abuse is often presented as a special relation, as though it didn't belong to common social behaviour, and as though those who suffer from it were "outsiders" (Becker 1985). This thesis is based on the idea of the existence of a link between ixtremely violent relationships and other types of married relationships, which include more common forms of violence ; this link is the marriage link. If knowing about marital abuse implies knowing about the "standard couple", it is because the two of them cannot be dissociated : in other words the definition of a transgressive form of married life can be made only in reference to what is defined as a normal form of married life. "Abuse" reveals what is "normality" ; "normality" enlightens what "abuse" is supposed to be.
Abstract FR:
Jamais il n'a été autant question de violence conjugale. Jamais elle n'aura autant choqué, conciliant durablement ce que la société définit comme incompatible : l'amour et la violence. Le présent travail est le fruit d'un pari : celui qu'en donnant la parole à des femmes, des hommes, dont certains ont affronté la violence conjugale, tandis que d'autres sont des conjoints "sans histoires", il serait possible de comprendre comment amour et violence peuvent co-exister. Tous ont parlé de leur vie de couple, c'est-à-dire de la façon dont ils s'étaient faits l'un à l'autre. Tous ont, ce faisant, révélé que la violence, sous toutes ses formes, n'est nullement chose exceptionnelle dans le couple. En effet, l'ajustement conjugal exige de la souplesse, car il s'agit de négocier pour parvenir à s'entendre ou de changer certaines habitudes pour ne pas heurter l'autre. Or, cette capacité n'est pas à la portée de tous les conjoints, mais dépend de leurs compétences relationnelles, et plus profondément, de leur estime de soi. C'est ainsi que dans certains couples, la violence, en prenant appui sur la dynamique conjugale, peut s'aggraver jusqu'à transformer la relation en une situation de non-droit, l'un des conjoints se retrouvant alors en situation de violence conjugale. Dans sa représentation sociale, la violence conjugale est souvent mise en scène comme une relation "à part", comme si elle échappait au social et que ses protagonistes soient des "outsiders" (Becker 1985). Cette thèse a été conçue dans l'idée d'un lien entre ce type de relation, marqué par une violence extrême, et d'autres types de relations conjugales, marquées par des formes de violence plus ordinaires ; ce lien est le lien conjugal. Si la connaissance de la violence conjugale passe par la connaissance du couple "tout court", c'est qu'elle en est indissociable : la définition d'une forme de conjugalité transgressive renvoie en effet nécessairement à la conjugalité dans la norme, qu'elle révèle.