Pour une sociologie des foules : perspectives théoriques et contribution empirique
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Is a sociology of crowds possible? Such is the question raised by this work. To provide elements of an answer one has to go all the way back in history of ideas in search of traces of the crowd. From Aristotle to the crowd psychology at the turn of the XIXth century to the political history of the XXth and XXIst centuries, it runs like a red thread. The crowd is sistematically apprehended as an "en-soi", as a disembodied abstraction. What the present study shows is that, like Gustave Le Bon's Psychologie des foules, the social sciences do not define the crowds according to this anthropomorphic metonymy. How then can one envisage undertaking a rigorous sociological study of crowd phenomena? The answer offered here consists in the hypothesis of the crowd's "pour-soi", which means giving up the theoretical concept ofthe objective existence and definition of crowd, to focuson its "individual expressions". Strange tough it may seem, this approach lead the way for a sociology of crowds. A sociology which emphasizes what the sociological tradition has named understanding. It is through in depth interviews, precede by a series of participant observations, that the "crowd thing" is constituted, revealing a reflection on contemporary urban space, focusing on the notions of "face to face" and "mutual exchange".
Abstract FR:
Une sociologie des foules est-elle possible? Telle est en substance la question que pose ce travail. Pour y apporter un début de réponse, c'est par un long périple à travers l'histoire des idées sur les traces de la foule que tout doit commencer. De Aristote à la sociologie politique du XXe et du XXIe siècles, en passant par la psychologie des foules qui marqua la charnière du XIXe et du XXe siècles, il est comme un fil rouge qui court. La foule est systématiquement appréhendé en soi, comme un en-soi, comme une abstraction désincarnée. Ce que montre alors l'étude entreprise, c'est que, à l'image de la Psychologie des foules de Gustave Le Bon, les sciences humaines ne pensent pas les foules en vertu de cette véritable métonymie anthropomorphique. Comment dès lors envisager une prise en charge sociologique rigoureuse des phénomènes de foules? A cette interrogation essentielle, ce travail propose l'hypothèse du pour-soi de la foule, c'est à dire l'abandon théorique de l'idée d'une existence et d'une définition objectives de la foule, pour ramener le point de départ de l'analyse de cette dernière à celle de ses "manifestations individuelles". Singulière perspective, qui pourtant, ouvre les voies d'une sociologie des foules. Une sociologie accordant une importance fondamentale à ce que la tradition de la discipline sociologique a retenu sous le nom de compréhension. C'est donc à travers une enquête menée par entretiens approfondis, précédés d'une série d'observations participantes, que se dévoile ici la "chose foule", laissant apparaitre une reflexion sur l'espace urabain contemporain centrée sur les notions de face-à-face et d'échange réciproque.