Les ouvriers dans les mutations de la societe russe actuelle : 1989-1997
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Our research aims to evaluate the worker's position in the system of social relations that is now appearing in russia and the part they play in constructing these social relations. Our research also examines the part of their social experience and identity that is imposed on them by the system. At the crossroads of these two theoretical approaches, this work studies the workers' relations with the past, their work situations and their relations to collective action. From our observations it appears that the soviet past weighs heavily on the representations that the workers have of themselves at present. These representations depend partly on permanencies or on objective changes that have taken place in the workers lives, but they are mainly determined by the closing of historical debate which prevents them from reinterpreting and re-appropriating their past. As for the work situations, they are contrasted and diverse and divide the working class. The breaking up of the working class can be explained especially as unstable and uncontrollable working conditions are widespread. They therefore offer an unfavourable background to the subjective construction of oneself and the emergence of active solidarity. This is partly why collective actions are rather infrequent. They are hindered both by subjective and objective factors. Three structural mechanisms largely explain this phenomenon : social exclusion, exploitation and de-subjectivation. The investigation of these different areas has lead us to question the existence of the working class as an actual social group and advance the idea of a deconstruction of this group, carried by the objective transformation of russian society and the concomitant change in social, political and scientific representations.
Abstract FR:
Nos recherches visent a cerner la place que les ouvriers occupent dans le systeme des rapports sociaux qui se dessine aujourd'hui en russie, la part qu'ils prennent a la construction de ces rapports sociaux mais aussi la part de leur experience sociale et de leur identite qui leur est imposee par le systeme. Au carrefour de ces deux orientations theoriques, les ouvriers sont observes dans leurs rapports au passe, dans leurs situations de travail ainsi que dans leurs rapports a l'action collective. Il ressort de ces observations que le passe sovietique pese lourdement sur les representations que les ouvriers se font actuellement d'eux-memes. Ces representations reposent pour une part sur des permanences ou des changements objectifs intervenus dans la vie des ouvriers, mais relevent surtout de la cloture du debat historique qui les empeche de reinterpreter et de se reapproprier leur passe. Quant aux situations de travail, contrastees et diverses, elles morcellent et divisent le monde ouvrier. L'eclatement du groupe ouvrier s'explique d'autant mieux que les conditions de travail les plus repandues sont marquees par une instabilite et un caractere difficilement maitrisable. Elles offrent donc un contexte peu propice a la construction subjective de soi ainsi qu'a l'emergence de solidarites actives. En partie de ce fait, les actions collectives sont relativement peu developpees. Elles sont contrariees par des facteurs d'ordre a la fois subjectif et objectif. Trois mecanismes structurels en rendent largement compte : les mecanismes de l'exclusion sociale, de l'exploitation et de la desubjectivation. L'investigation de ces differentes directions de recherche aboutit a interroger l'existence des ouvriers en tant que groupe social a part entiere et a avancer l'idee d'une deconstruction de ce groupe, portee a la fois par les transformations objectives de la societe russe et par l'evolution concomitantes des representations sociales, politiques et scientifiques.