Abstract FR:

Le muriani, pieve (canton) regroupant 5 communes, constitue la region frontiere de deux micro-regions du nord-est de la corse, la castagniccia et la plaine orintale. De la conquete francaise a l'epoque actuelle, les espaces littoraux et montagnard de la pieve vont evoluer, passant d'un modele d'auto-subsis-tance pre-capitaliste endogene au developpement de nouvelles economies motrices de type capitaliste. Jusque vers les annees 1860 on peut considerer le modele traditionnel comme dominant les influences exogenes. Organisee autour des modes de production agricole (principalement castaneicole) et pastoral, la societe de muriani se hierarchise en fonction de l'acces a la propriete fonciere, jalousement conservee et transmise de generations en generation. Avec le second empire se produit une acceleration des mutations economiques, destabilisant les anciens equilibres socio-economiques et orientant les activites de production vers la specialisation, tant agri-cole (cedrats) qu'industrielle (usines de tanin). Parallellement on assiste au renforcement du role joue par l'etat et ses organismes, et a une mise en dependance generalisee des diverses couches sociales, souvent placees devant le choix de l'emigration ou de l'assistance. Vers les annees 1960, une nouvelle structuration economique succede a la faillite de toutes les anciennes formes de developpement tentees jusque alors. Tandis que la plaine se specialise dans les cultures de primeurs (clementiniers) et le tourisme, la montagne voit la regression de ses activites traditionnelles avec la mise en place d'un pastoralisme debride. Les remodelages touchant de facon discriminatoires les espaces depeu-ples de la montagne et les concentrations en voie d'urbanisation de la plaine, posent a la societe du muriani les questions que l'on peut etendre a la corse dans son ensemble, relatives au developpement capi-taliste et a ses consequences sur les societes peripheriques.