Le bizutage dans les écoles d'ingénieur-e-s : l'asymétrie des sexes comme ressort d'action d'une idéologie défensive
Institution:
Toulouse 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Ragging (termed « hazing » in the US) has generally been described as a rite of passage. If one accepts the premise that, due to numerous transitions that intervene throughout the life cycle, the passage to adulthood has become a difficult process to observen then this assumption needs to be rigorously and systematically questioned. This study tests the following hypothesis. Does ragging, a pale imitation of a rite of passage, mainly work to reinforce the collective ? Repetition of ritual involves otherness and build samenexx. Since engineering schools are a part of a competitive environment, the construction of the collective through ragging is governed by what I call « a defensive ideology ». Distinguishing oneself from others in this milieu and publicly demonstrating cohesiveness and an abilitiy to mobilize, helps build the armor needed to fight the covert battle between the different educational institutions. The form taken by ragging is also examined. How precisely do these acts, that clearly involve relations of submission, take shape ? If we take a closer look, the body appears as one of the vectors of this domination. The body is constrained, sometimes trained to be obedient or abused. Ragging thus places this question of the body at the heart of symbolic exchanges. The entry of women has raised the issue of gender interactions with in engineering schools. This research has been based upon the hypothesis that the structuring of virility is an important component of ragging. Even as institutions go coeducational, a part of the now-mandatory egalitarian stance in virtually all the schools in question, the driving force behind ragging is gender asymmetry. The objective was to examine inter-gender (men/women) and intra-gender (men/men and women/women) relations to understand how young menand women negotiate their positions. This study explores the gendered divisions of power and influence encountered in these institutions.
Abstract FR:
Les tentatives d'appréhension du bizutage, l'ont qualifié de rite de passage. Si nous admettons qu'aujourd'hui le passage à l'âge adulte est une réalité diffcilement observable, compte tenu du fait que les transitions sont multiples et s'opérent tout au long du parcours de vie, alors il faut bien concevoir que ce genre de conclusions soit être sérieusement et systématiquement éprouvé. Nous avons dans ce travail posé l'hypothèse qui suit : le bizutage, pâle imitation du rite de passage, opère essentiellement pour renforcer le collectif : la réitération du rituel contient l'altérité et bâtit de l'identique. Les écoles d'ingénieurs évoluent dans un champ concurrentiel, l'élaboration collective que permet le bizutage obéit selon nous à une « idéologie défensive » : se distinguer de ses semblables, afficher une cohésion, une mobilisation, permet d'entrer « carapacé » dans la bataille larvée qui oppose les différents centres de formation. Questionnant également le bizutage dans sa forme, nous nous sommes demandée quels contours particuliers prenaient ces assujettissements ? Il apparaît clairement que le bizutage met en jeu des rapports de soumission. Si nous aiguisons notre regard, le corps apparaît comme un des vecteurs de cette domination. Le corps que l'on contraint, parfois que l'on dresse, que l'on supplicie. Le bizutage place donc au centre des échanges symboliques cette question des corps. La co-présence du masculin et du féminin dans l'ensemble des écoles d'ingénieurs nous a emmené à nous questionner sur les interactions de genre. Notre recherche a construit ces investigations autour de l'hypothèse suivante : la structuration de la virilité constitue un enjeu important du bizutage qui, malgré une mixité à prétention égalitariste désormais de mise dans la quasi-totalité des formations où il est à l'oeuvre, a pour principal ressort d'action l'asymétrie des sexes. Elle s'est appliqué à saisir les relations inter-genre (hommes/femmes) et intra-genre (hommes/hommes et femmes/femmes) pour comprendre comment les places qu'occupent les garçons et les filles se négocient. Nous nous sommes demandée quelle partition sexuée des positions de pouvoir et d'influence pouvions-nous rencontrer.