Abstract FR:

La présente recherche porte sur les pratiques des professionnels de l’obstétrique dans les structures publiques. Calquée sur le modèle français, la prise en charge de la naissance au Gabon repose sur l’orientation des femmes enceintes selon le niveau de risque évalué pour elles-mêmes et pour l’enfant à naître. Mais la gestion du risque dans les structures sanitaires gabonaises est très différente de celle pratiquée en France. Au Gabon, les pratiques des acteurs (professionnels de l’obstétrique, gestantes / parturientes, famille accompagnatrice) et les dysfonctionnements des maternités hospitalières participent plus ou moins activement à l’orientation obstétricale. Les représentations locales relatives à la grossesse ne favorisent pas le recours précoce aux structures de santé. A cela s’ajoute le manque de moyens humains et matériels. La « référence obstétricale » au Gabon se heurte à différents freins : freins culturels et financiers du côté des patientes ; freins professionnels et institutionnels dans les structures sanitaires publiques. La combinaison de ces dysfonctionnements conduit à des pratiques médicales « déformées » qui ont malheureusement des répercussions sur la santé maternelle et néo-natale. Dans les services de gynécologie-obstétrique, les compétences théoriques sont ainsi déconnectées des compétences pratiques. Les activités quotidiennes des soignants sont marquées par une routine, une « négligence » et un décalage entre le discours et la pratique, ce qui fait que les services de santé fonctionnent selon un ensemble de « normes pratiques » et non plus en se basant sur les « normes officielles » de l’établissement.