L'erreur judiciaire : une voie d'approche pour l'étude socio anthropologique de la production de la vérité
Institution:
BesançonDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The enactment of formal legal rules and their implementation entails the possibility of judicial errors. But these miscarriages of justice are not easily acknowledged by the institution. The miscarriage of justice can be understood as a way of regulating the collective consciousness and as an active form of social education. Its study provides a fruitful point of view to grasp the way a fundamental social institution functions through its production of norms and deviances, and allows a better understanding of the functioning of diverse fields (justice, media, associations). The study of miscarriages of justice also enables us to get to the heart of the system, to uncover its mechanisms, and their interactions, to observe the elements that constitute it and through which it takes place. In short it allows us to analyse the "normal" workings of the judiciary system, given that the dysfunction of an institution reveals in the negative the usual ways in which it functions. The analysis of the process – construction/ deconstruction/ reconstruction – of a judicial identity, brings to light the framework that permitted the construction of each mask : "guilty party"/ "innocent party". The detailed investigation of the Roland AGRET and Patrick DILS cases in this research allows us to better understand the workings of fields extending beyond the scope of a simple news item. By this mean we explore not only the judiciary field, but also the media, prison and political fields, the miscarriage of justice making it possible to reveal the social construction of “truth”
Abstract FR:
L’édiction de règles juridiques formelles et leur mise en oeuvre entraînent, de fait, la potentialité d’erreurs dans le prononcé des verdicts : l’erreur judiciaire en est la manifestation la plus spectaculaire. Cependant la reconnaissance des erreurs judiciaires s’avère difficile à admettre pour l’institution. Son étude constitue un vecteur d’analyse fécond pour appréhender le fonctionnement d’une institution fondamentale de la société dans ses modalités de production et de gestion des normes et des déviances. L'étude de l’erreur judiciaire permet en effet de pénétrer au cœur du système, de mettre à jour ses mécanismes, ses différents rouages et leurs interactions, d’observer les éléments multiples et complexes qui la constituent. En somme, elle ouvre paradoxalement à l’analyse du fonctionnement "normal" du système judiciaire : observer le "dysfonctionnement" d’une institution révèle, par l’exemple négatif, ses modes habituels de fonctionnement. L’analyse du processus -construction/ déconstruction/ reconstruction- d’une identité judiciaire, dévoile les échafaudages sociaux-logiques qui ont permis l’édification, la corrosion et la recomposition des masques du coupable et de l’innocent. L’étude approfondie des cas AGRET et DILS analysés dans la recherche présentée ici permet de mieux comprendre les modalités de fonctionnement de champs débordant le cadre d’un simple fait divers. L’erreur judiciaire peut être lue, d’un point de vue sociologique, comme un mode de régulation de la conscience collective et une forme active de pédagogie sociale. En dernier lieu, cette étude de l’erreur judiciaire permet de saisir une modalité spécifique de la construction sociale de la "vérité"