Veiller sur et punir : expériences du bracelet électronique en France, en Belgique et en Suisse
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
What do we talk when we interested of the penalty of electronic monitoring ? We are of course talking about a way of punishing that is based on a device (a bracelet and a case) but also professionnals (monitoring and support). We are also talking about a porter who will experience, during his sentence, an unprecedented measure. This resaerch is already in a few lines, at the crossroads between the sociology of experience and that of deviance and punitive theory. Theses and authors wil be mobilized throughout this thesis. I would also call, in more detail, on the sociology of the body in the analysis of the condemned people and on the sociology of work in the analysis of professionals. This thesis aims to treat the subject of electronic monitoring as a total experience. This punishment is fully inscribed in the life of the individual and includes, in its entirety, the carriers as well as the professionals who supervise them. This thesis will be based on an international perspective : it ompares fields carried out in France, Belgium and Switzerland. In these three countries, the uses and representations of the elctronic monitoring are different in terms of audiences as well as social representations. All of the fieldwork enabled us to carry out, between 2015 and 2019, around 130 interviews with professionals, 54 interviews with carriers, as well as observations in the various surveillance centers of the three countries. In terms of advances in this research, yhey mainly take two directions : Concerning the carriers, we have redefined the penalty as a set of constraints (real and supposed, planed and unforeseen). The electronic monitoring sentence is the combination of a body constraint (the stigma) and a space time constraint (partial confinement in the wearer’s home). These two constraints, of body and space time, redefine punishment as being mainly focused on the identity of the wearer. The different pillars of identity (which define the individual as such) are thus redefined and transformed by pain in chapters which successively address the body, space, time use, social relations, clothing practices and sports, etc. For the main workforce in ou sample, there appears to be a real « self punishment », a punishment relating to identity and involving many influences in both feelings and practices. At the same time, there are multiple ways of partially or totally reversing the penalty in order to make it an opportunity. A new collective relationship also appears which makes it possible to face up to grief in a group : this is what we call « the self made group », the group which is formed in the face of adversity and which makes it possible to overcome it. Regarding professionals, we can see that the electronic monitoring is redifining the border that existed between monitoring and support practices. The two main professional branches that oversee the measure are those of prison guards and prison integration and probation counselors. For these two branches, the application of the measure doesn’t take place without a profound rebalancing of their practices, leading, for some, to social monitoring, and for others, forced support. The study of their practices in situations also brings to light a certain number of common or even similar sensitivities : managements which limit or on the contrary perforate according to the cases, the potentialities of electronic surveillance. In this sentence based on new technology, the human remains essential.
Abstract FR:
De quoi parle-t-on lorsque l’on s’intéresse au placement sous surveillance électronique ? On parle bien sûr d’une manière de punir qui repose sur un dispositif (un bracelet et un boîtier) mais également des professionnels (de surveillance et d’accompagnement). On parle aussi d’un porteur qui va faire l’expérience, durant sa peine, d’une mesure inédite. Cette recherche s’inscrit déjà, en quelques lignes, au croisement entre la sociologie l’expérience et celle de la déviance et de la théorie punitive. Thèses et auteurs seront mobilisés tout au long de cette thèse. Je ferais également appel, de manière plus circonstanciée à la sociologie du corps dans l’analyse des porteurs et à la sociologie du travail dans l’analyse des professionnels. Cette thèse ambitionne de traiter le sujet du PSE (Placement sous surveillance électronique) en tant qu’expérience totale. Cette peine s’inscrit de manière totale dans la vie de l’individu et inclue, dans sa totalité, les porteurs autant que les professionnels qui les encadrent. Cette thèse va reposer sur une perspective internationale : elle compare des terrains effectués en France, en Belgique et en Suisse. Dans ces trois pays, les utilisations et représentations du PSE sont différentes en termes de publics autant que de représentations sociales. L’ensemble des terrains nous a permis d’effectuer, entre 2015 et 2019, environ 130 entretiens avec des professionnels, 54 entretiens avec des porteurs ainsi que des observations dans les différents centres de surveillance des trois pays. Pour ce qui est des avancées de cette recherche, elles prennent principalement deux directions : Concernant les porteurs, nous avons redéfini la peine comme un ensemble de contraintes (réelles et supposées, prévues et imprévues). La peine PSE est l’assemblage d’une contrainte de corps (le stigmate) et d’une contrainte d’espace-temps (l’enfermement partiel au domicile du porteur). Ces deux contraintes, de corps et d’espace-temps, redéfinissent la peine comme étant principalement tournée vers l’identité du porteur. Les différents piliers identitaires (qui définissent l’individu en tant que tel) sont ainsi redéfinis et transformés par la peine dans des chapitres qui abordent successivement le corps, l’espace, l’emploi du temps, les relations sociales, les pratiques vestimentaires et sportives, etc… Apparaît pour l’effectif principal de notre échantillon une véritable « peine de soi », une peine portant sur l’identité et entraînant de nombreuses influences autant dans les ressentis que dans les pratiques. Dans le même temps apparaissent de multiples manières d’inverser partiellement ou totalement la peine en vue d’en faire une opportunité. Apparaît également un rapport collectif nouveau qui permet d’affronter la peine en groupe : c’est ce que nous nommons le self made group : le groupe qui se constitue face à l’adversité et qui permet de la dépasser. Concernant les professionnels, on voit que le PSE vient redéfinir la frontière qui existait entre des pratiques de surveillance et des pratiques d’accompagnement. Les deux principales branches professionnelles qui encadrent le PSE sont celles des surveillants pénitentiaires (SP) et des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP). Pour ces deux branches, l’application du PSE ne se fait pas sans un rééquilibrage profond de leurs pratiques entraînant, pour les uns, une surveillance sociale, et, pour les autres, un accompagnement contraint. L’étude de leurs pratiques en situation fait aussi émerger un certain nombre de sensibilités communes voire semblables : des gestions qui limitent ou au contraire performent selon les cas, les potentialités de la surveillance électronique. Dans cette peine basée sur une nouvelle technologie, l’humain demeure indispensable.