La revanche du privé : famille, état, reproduction dans la Roumanie de Ceausescu
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Socialist states, driven by command economies, actively pursued their revolutionary goals through massive social engineering projects. As Claude Lefort has noted in his book : the political forms of modern society : bureaucracy, democracy, totalitarianism, the state represents itself as the "people-as-one and forms a social body which is held together and sustained by a power-as-one, a power which simultaneously embraces and stands for the whole. "Lacking the capital bases of market economies, socialist economies depended on the availability of labor, meaning that mobilization and control of "the population" were of critical strategic importance for the maximization of development potential. Hence, attention to demographic phenomena was essential to securing long-term national interests. In order to meet the relatively high labor needs of such economies, reproduction of the labor force became a priority planning item. Plans notwithstanding, declining birthrates complicated the labor-need agenda. Beginning in the mid-60s and as a means to confront this population trend, pronatalist policies aimed at assuring an adequate workforce became a generalized feature of the modernizing strategies of Eastern Europe’s socialist states. Nowhere was the "marriage" between demographic concerns and nationalist interests more extreme than in Ceausescu’s Romania. There women's bodies were increasingly used in the service of the state. The control of societal reproduction was fundamental to the enormous project of socialist transformation. Hence, it is important to understand the critical cultural role played by the politicization of what "traditionally" had been worked out within the privacy of family relations: most importantly, sexual relations and the socialization of children.
Abstract FR:
Les états socialistes, caractérises par des économies de commande, ont suivi leurs buts révolutionnaires à travers des projets de changement social. Comme l'écrivait Claude Lefort dans son livre : les formes politiques de la société moderne : bureaucratie, démocratie, totalitarisme, l'état se représente lui-même en tant que "peuple-unique, et constitue un corps social qui est ressemblé et veille par un pouvoir-unique, un pouvoir qui à la fois l'encadre et se présente comme étant le tout. "A cause du manque du capital - le fondement des économies de marche - les économies socialistes étaient dépendantes de la disponibilité du travail, ce qui veut dire que la mobilisation et le contrôle "de la population" étaient d'importance stratégique en vue de maximiser le potentiel de développement. Ainsi, l'attention particulière accordée aux phénomènes démographiques était essentielle pour sécuriser les intérêts internationaux à long termes. Afin d'assurer les besoins de la main d'œuvre, relativement très élevés dans ces économies, la reproduction de la force de travail est devenue une question prioritaire de la planification. Pourtant, en dépit des plans, la baisse de la natalité posait des problèmes aux pouvoirs publics. Dans l'essai de renverser cette tendance et d'assurer un niveau convenable de l'offre de la main d'œuvre, des politiques pros natalistes ont été mises en place à partir de la moitié des années '60. Ceci est devenu une caractéristique générale des stratégies de modernisation des états socialistes de l’Europe de l'est. Nulle part le "mariage" entre les objectifs démographiques et les intérêts nationalistes n'a été aussi solide que dans la Roumanie de Ceausescu. Pendant son régime, le corps de la femme devait servir l'état. Le contrôle de la reproduction sociale était fondamental pour le projet énorme de transformation sociale. Ainsi, comprendre le rôle jouait par la politisation de ce qui d'une manière "traditionnelle" représentait le domaine prive des relations familiales, surtout les relations sexuelles et la socialisation des enfants, est d'une importance capitale. La thèse offre quelques éléments concernant les stratégies mises en place par les familles et par les femmes afin d'échapper, autant que possible, a l'ingérence de l'Etat.