Le petit enfant dans les politiques publiques : enjeu de la régulation sociale
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
At the beginning of the nineteen seventies the polities of early childhood become the basis of a state project to modernise the relationship between users and the public services. The idea of "human capital" which had dominated the treatment of infants since the end of the nineteenth century progressively gives way to the idea of a "humanity capital", and at the beginning of the 80's infancy policies pave the way for a political project which is democratic and idealistic, dominated by a logic of emancipation and promoted by reference to childhood values. In this way there is an acceleration in focus on the child, since the child itself is the natural repository of these values. However, in so accelerating, the contradictions of this process also become more pronounced. The risk that this emancipatory project will be bad for certain categories of individuals and in particular the weakest then leads the authorities to develop compensatory protection ; this accounts for the parallel socialisation of the family policy and also for the revival of child safeguard policies and growing reference to an ethic of the rights of man. The present regime of plural regulation thus tends to include a search for a transcendence which is in keeping with dialogue and consensus -in agreement with the very foundations of the aforementioned regime- and it manifests itself by promotion of a "logic of institution" and by recourse to ethics and right. It thus appears that "social reflexivity", propelled by the controversies surrounding infancy, is a driving element for the transformation of social regulation regimes, and that the public administration of this age category appears to be a constituent part of the mechanics of social change.
Abstract FR:
Au début des années 1970, la politique à l'égard de la petite enfance devient le support d'un projet de modernisation de l'Etat qui doit notamment se traduire par une transformation des rapports entre les usagers et les services publics. La référence à la logique du "capital humain", qui avait dominé les logiques d'action à l'égard du petit enfant depuis la fin du XIXe siècle, s'efface alors progressivement face à celle du "capital d'humanité", et les politiques à l'égard de la petite enfance deviennent, au début des années 1980, les moyens d'un projet politique démocratique et idéaliste, dominé par une logique d'émancipation, et promu en référence aux valeurs de l'enfance. En ce sens, la centration sur l'enfant s'accélère, puisque la personne de l'enfant est le dépositaire naturelle des dites valeurs. Cependant, en s'accélérant, les contradictions de ce processus s'accentuent aussi. Le risque de voir ce projet émancipateur se retourner contre certaines catégories d'individus, et en particulier contre les plus faibles, incite alors les pouvoirs publics à élaborer une contrepartie en terme de protection ; ce dont rend compte la socialisation parallèle de la politique familiale, mais aussi, le renouveau des politiques de sauvegarde de l'enfant, et la référence croissante à une éthique des droits de l'Homme. Le régime de "régulartion plurivoque" actuel tend ainsi à intégrer une recherche de transcendance qui s'inscrit dans une logique de dialogue et de consensus -en accord avec les fondements même du régime de régulation précité-, et is se manifeste par la promotion d'une logique "d'institution", et par le recours à l'éthique et au droit. Il apparaît alors que la réflexivité sociale, portée par les tensions autour des questions relatives à la petite enfance, est un élément moteur des transformations des régimes de la régulation sociale, de sorte que la gestion publique de cette catégorie d'âge se présente comme un élément constitutif de la mécanique du changement social.