thesis

« Se faire une place » dans un centre commercial : déprise sociale, emprise spatiale et prises identitaires

Defense date:

Jan. 1, 2015

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Institution:

Caen

Disciplines:

Abstract EN:

Our research is focused on social life in the shopping galleries of several malls. We observe a daily gathering of elderly – retired people, from poor backgrounds subject to the process of ageing vulnerability – who develop a specific sociability inside shopping centers located in city centers, but they do not make purchases (or very few) in the shopping malls. We describe the processes of appropriation and diversion of use in the space set up by those who become regular customers of "their" Center, by developing their own space. We analyze the content of their social links as well as the way they make an informal network of relationship exist by improvising small unexpected "chat rooms", which does not go without raising problems to the studied institutions. So, at first, we show that shopping malls are not only spaces dedicated to consumption and to business, where trade and impersonal links rule. Those uses invite to consider the shopping center as a place for life and meetings: the everyday social order – lived in situation – is inflexible in the high imperative rationalization process of the institutional order. Finally, we analyze the identity meaning taken by this primary sociability, made up of “relational gifts” based on positive considerations. Those social and spatial practices in the shopping mall are identity resources which are vital considering their social vulnerability. By this everyday life investing, the old people build the sense of their fragile life and solidify their own subjective feelings.

Abstract FR:

En nous focalisant sur la vie sociale des galeries marchandes de plusieurs centres commerciaux, notre recherche prend pour objet un phénomène de rassemblement quotidien de personnes âgées – des retraitées d’origine populaire en proie au processus de déprise – qui développent une sociabilité particulière à l’intérieur des shopping centers localisés en centre-ville, et ce, alors même qu’ils n’effectuent pas (ou très peu) d’achats dans les galeries marchandes. Nous décrivons les procédés d’appropriation et de détournement d’usage de l’espace mis en place par ceux qui deviennent des habitués de « leur » Centre, notamment en développant une emprise sur l’espace. Nous analysons la teneur de leurs liens sociaux ainsi que la manière dont ils font exister un réseau informel d’interconnaissance en improvisant quotidiennement des petits « salons de discussion » inopinés, ce qui ne va pas sans poser problème aux institutions commerciales étudiées. Ainsi, nous montrons d’abord que les centres commerciaux ne sont pas uniquement des non-lieux dédiés à la consommation et au commerce, où règnent les rapports marchands et impersonnels. Les pratiques sociales observées invitent à considérer le shopping center comme un lieu de vie et de rencontres : l’ordre social interactionnel – vécu en situation – est irréductible à la forte rationalisation imposée par l’ordre institutionnel. Enfin, nous analysons la signification identitaire que prend cette sociabilité primaire, composée de dons de relation. Les rapports (sociaux et spatiaux) que déploient nos informateurs dans le centre commercial sont autant de supports identitaires qui se révèlent vitaux compte tenu de leur vulnérabilité sociale.