thesis

Fabriquer la communauté imagée : une ethnographie visuelle à Sarcelles

Defense date:

Nov. 2, 2020

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Abstract EN:

The present dissertation explores the social life of pictures at Sarcelles, a city to the north of Paris. This research focuses on the materials and photographic interactions that socially define this place. Based on a visual ethnography conducted between 2015 and 2018, this research explores the “imaged practices” (pratiques imagées), those activities that define and frame the creation, publicization, and performance of visual materials. The main objective of this dissertation is to study what I have called an imaged community (communauté imagée). This concept is a means to study the visual ecology of imaged practices both from a pragmatic and phenomenological point of view. While most researches in the field use photography as a means to describe or illustrate social phenomena, the present one advocates for a critical, reflexive, and participatory photographic ethnography based on sensorial and participatory activities. Combining fruitfully sociology, anthropology, urban studies, and visual studies, this investigation contributes to the methodological and theoretical development of visual ethnography. Relying on non-indexical photographic practices, the present dissertation details the multiple definition of visual experiences in urban settings. It delves into the dynamics of creation, exchange, publicization, and accomplishment of visual materials in the field. This manuscript is structured into five chapters. The first one presents the visual economy of photographic materials on an urban scale. It reveals the existing photographic materials on Sarcelles and examines the institutional and artistic strategies locally deployed since years which have functioned at defining the imaged community. The second one analyzes the ecology of visual interactions on a local scale based on a series of civic resistances which took place in the digital spaces. The third one explores the relationship between spatial experience and photography based on immersive, sensory, and non-representational visual practices. The fourth chapter explores how urban space is seen and experienced by the inhabitants of Sarcelles through visual participatory methods. This last chapter raises theoretical and methodological awareness on power relationships in the field and reflexively reconsiders the photographic activity putting at the front line the relations between race, class, and gender. Finally, the fifth chapter describes the different degrees of publicization of the photo-ethnographic accounts by analyzing how these last ones accomplish by thoroughly explaining how these productions are made and published. In particular, I explore the social construction of Sarcelles in photojournalism based on the visual and media definition of the imaged community in this professional environment. In sum, this dissertation contributes to the development of visual anthropology and visual sociology. Based on the photographic engagement in the field, it advocates for a phenomenological, pragmatic, and critical approach of visual ethnography.

Abstract FR:

Cette thèse étudie la vie sociale des images à Sarcelles, ville située dans la banlieue nord de Paris. Elle porte sur les matériaux et les interactions photographiques qui définissent socialement cet espace. En partant d’une ethnographie visuelle menée entre 2015 et 2018, elle explore les pratiques imagées, ces activités qui encadrent la fabrication, le partage et l’accomplissement social des images. Le projet général de cette recherche est l’étude de ce que j’ai nommé une communauté imagée. Cette notion permet d’analyser l’écologie des pratiques visuelles à partir d’une démarche à la fois pragmatique et phénoménologique. Si la plupart des ethnographies emploient la photographie comme un moyen pour décrire ou illustrer des phénomènes sociaux, cette thèse propose un revirement méthodologique et épistémologique : c’est en photographiant qu’il est possible d’étudier les pratiques visuelles dans l’environnement social où elles se produisent. Dans cet esprit, il est question ici de proposer une ethnographie des images et par les images, c’est-à-dire une photo-ethnographie critique, réflexive et participative pour interroger la dimension sensible des expériences sociales. Au croisement de la sociologie, de l’anthropologie, des études urbaines et des études visuelles, cette recherche contribue au développement de l’ethnographie visuelle. Sur la base d’une phénoménologie des expériences visuelles, elle explore les multiples configurations des affects urbains en suivant une démarche non indicielle. Elle accorde ainsi une attention particulière aux processus de fabrication, d’échange, de publicisation et d’accomplissement des images sur le terrain. Cette thèse s’articule autour de cinq chapitres. Le premier étudie l’économie des images au niveau municipal. Il fait un état de l’art des productions photographiques sur Sarcelles et examine les stratégies institutionnelles et artistiques déployées dans la définition des récits portant sur cet espace. Le deuxième analyse l’écologie des échanges visuels au niveau local à partir des formes de résistance imagée des citoyen-ne-s sur les médias et les réseaux sociaux. Le troisième explore le rapport entre expérience spatiale et photographie sur la base d’une activité immersive, sensorielle et non indicielle. Le quatrième chapitre sonde la façon dont l’espace urbain est vu et vécu par les habitant-e-s à partir de méthodes participatives. Ces pratiques collaboratives permettent d’interroger les représentations de l’expérience en ville en problématisant la place de l’enquêteur et de l’enquêté-e sous un prisme intersectionnel. Enfin, le cinquième chapitre décrit les différents degrés de publicisation des récits photo-ethnographiques en explicitant l’accomplissement de ces derniers à l’intérieur et à l’extérieur de la ville, notamment dans le milieu photojournalistique. Il s’agit donc ici d’enquêter sur les modalités de réception ainsi que sur la définition publique et médiatique de la communauté imagée. En somme, cette thèse contribue au développement de l’anthropologie et de la sociologie visuelle en proposant une approche à la fois phénoménologique, pragmatique et critique fondée sur l’engagement photographique de l’ethnographe sur le terrain.