L'enseignement des langues à l'école publique au Maroc : construction des savoirs, identités et citoyenneté
Institution:
Aix-MarseilleDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In Morocco, language policies in the state educational system and, more widely, coexisting languages in Moroccan society – Arabic, Amazigh, French, English and Spanish – are the focus of heated political, ideological and social debates since the end of the French protectorate (1956). These debates oppose antagonist arguments based on issues and values of identity, society and civilisation in a global context of tensions between local and globalised knowledge. They rely on and participate in developing language ideologies that lock languages in sealed and opposed worlds of meanings and references. Beyond these debates, what is happening with languages inside the school walls? How is each of these languages constructed? How and what knowledge is constructed and valued? Which relationships to the world, to the self and the other and which worlds of meanings and references are developed in the teaching of each language? Which knowledge-bearers are valued? Which forms of citizenship and social identity are promoted? Moreover, how do school actors (especially teachers and pupils) interpret, transform and appropriate these conceptions of knowledge, identity and citizenship?This work analyses the ethnographic material collected through fieldwork over a period of two school years in nine schools – from primary schools to high schools – in three towns. Analyses are drawn from participant observations in language classes and school spaces, written documents like curricula, textbooks and pupils’ notebooks and interviews conducted with actors such as school officials, inspectors, headmasters, teachers, pupils and parents.
Abstract FR:
Au Maroc, l’aménagement linguistique dans le système éducatif national, et plus largement les langues présentes dans la société – arabe, amazigh, français, anglais et espagnol particulièrement – font l’objet de débats politiques, idéologiques et sociaux depuis la fin du protectorat français (1956). Ils mobilisent des argumentaires identitaires passionnés au nom de valeurs sociétales et civilisationnelles antagonistes dans un contexte de tensions entre savoirs locaux et savoirs mondialisés. Ils développent des idéologies linguistiques qui enferment ces langues dans des mondes de références qui semblent clos sur eux-mêmes et en opposition les uns face aux autres. Or, que se passe-t-il à l’intérieur de l’enceinte de l’école publique concernant les langues ? Comment chacune de ces langues est-elle enseignée ? Quelles conceptions du savoir et quels types de savoir y sont construits, valorisés et légitimés ? Quel rapport au monde, quels mondes de références et quelle vision de soi et de l’autre y sont développés ? Quelle(s) forme(s) de citoyenneté et d’identité citoyenne sont promues ? Comment les acteurs du terrain éducatif (enseignants et élèves notamment) interprètent, transforment et s’approprient-ils ces conceptions du savoir, de l’identité et de la citoyenneté? Ces questions sont traitées à partir du travail ethnographique réalisé dans neuf établissements publics, du primaire au lycée, dans trois villes. Les analyses s’appuient sur des observations dans les cours de langues et l’espace scolaire, l’étude de documents (curricula, manuels, écrits d’élèves) et des entretiens avec des responsables, inspecteurs, directeurs d’établissements, enseignants, élèves et parents.