Reconversions extrascolaires du capital culturel : une révision de la mobilité sociale depuis ses marges
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work argues for a revision of the question of social mobility in terms of capitals and reconversion strategies. For this purpose, it describes the way French- and English-language sociology conceptualizes social positions since the 19th century, in relation to the relatively autonomous history of the discipline. Then it points recurrent biases in the analysis of social stratification and mobility: the essentialization and the routinization of categories, the adoption of an encompassing point of view, the absence of scale-homology between phenomena and their mesurement, the absence of empirically-based definition of the subject of mobility, the interference of concerns of action, the idea of movements of the society as a whole, the symmetrical analysis of downward and upward mobility, the preferential analysis of the latter. It also reconsiders the problem of social boundaries. The theoretical propositions are tested out from the case of cultural capital's reconversions outside of the French educational system (traditionally described as "intergenerational downward mobility"), using, among others, long biographical interviews and eight large public statistical inquiries. Through the conditions of socialization are studied local reconversions (in relation to the territorial basis of educational capital, which gives the occasion to discuss the concepts of strength of weak ties, of social capital and of autochthonic capital), the different relations to consumption and the uses of family real estate, the place of matrimonial and seduction strategies, and, at last, the self-presentation strategies linked with the legitimacy of reconversions.
Abstract FR:
Ce travail justifie une révision de la question de la mobilité sociale en termes de stratégies de reconversion de capitaux. Pour cela, il décrit la façon dont la sociologie anglophone et francophone a saisi les positions sociales et leurs mouvements, depuis le 19e siècle, en lien avec l'histoire relativement autonome de la discipline. Puis il pointe des biais récurrents dans l'analyse de la stratification et de la mobilité sociales : essentialisation et routinisation des catégories, prétention à un point de vue englobant, absence d'homologie d'échelle entre les phénomènes et leur mesure, détermination a priori du sujet de la mobilité, interférence de préoccupations d'action, idée de mouvements d'ensemble d'une société, analyse symétrique des trajectoires d'ascension et de descente, étude préférentielle des premières. Il revient notamment sur le problème des frontières sociales. La reconstruction théorique est éprouvée sur le cas des reconversions extrascolaires du capital culturel dans la France contemporaine (relevant traditionnellement du « déclassement intergénérationnel »), à l'aide, entre autres, de longs entretiens et de huit enquêtes de la statistique publique. Sous l'angle des conditions de la socialisation sont étudiées les reconversions locales (au prisme de l'enracinement territorial du capital scolaire, occasion de discuter les concepts de force des liens faibles, de capital social et de capital d'autochtonie), la variabilité des rapports à la dépense et les usages du patrimoine immobilier, la place des stratégies matrimoniales et des stratégies de séduction, et, enfin, les stratégies de présentation de soi en lien avec la légitimité des reconversions.