Politicizing street harassment : the constitution of a public problem in the Netherlands and France
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This dissertation traces how street harassment became an object of debate and policy in the Netherlands and France. While there were recurring national differences in how actors appropriated and addressed this issue, the comparison brings to bear a key commonality between contemporary France and the Netherlands. While victim-blaming and minimization of acts politicized as “street harassment” still occur regularly in less public contexts, when expressed in political debates or the media, such positions are by and large harshly criticized and often elicit an apology by their initial articulators. If in the last ten years street harassment has become the object of public condemnation in the Netherlands and France, what explains how its politicization produced so much uneasiness and polarization and that local responses to address it have varied so greatly?Endeavoring to answer this question and explain divergences in how street harassment is defined and addressed, this dissertation is, first, a contribution to the sociology of public problems. It also engages with scholarship on the “production of victims.” The research is based on 104 interviews I held with the main actors involved in this public problem—politicians, policymakers, activists, scholars, and journalists—around 250 hours of observation of meetings they organized, and analysis of 380 newspaper articles, and around 230 policy, activist, and research documents.While scholars studying public problems and processes of victimization focus mostly on the positive objective actors try to accomplish—changing laws, awareness-raising on issues—and what allows or prevents them from reaching them, actors working on street harassment often expressed wanting to avoid specific ways of dealing with the issue. Many French activists, for example, avoided mentioning ethno-cultural profiles of harassers to the media because they were apprehensive that the information might be picked up by right-wing parties to plead for stricter migration policies. As an alternative to the notion of “blame avoidance,” which reduces policymakers avoidance behavior to the logic of instrumental strategy, I propose to analyze such avoidance behavior using the term “apprehension.”Despite differences between arenas—journalism, activism, policymaking—there are strong similarities in how actors in various arenas within each country addressed street harassment and strong differences between how actors did so in the Netherlands and France. In France, feminist activists were the first moral entrepreneurs on the problem, framing it as a question of male domination and violence against women. In the Netherlands, to the contrary, right-wing politicians put the issue on the political agenda. They framed street harassment as a threat to public order created mostly by loitering youth with specific migration backgrounds. Although an essentialist notion of “national models” should be avoided, these similarities in how actors within each country dealt with street harassments show that national belonging and embeddedness in the institutions of a nation do shape behavior. The dissertation proposes a configurational account of “national culture” that puts emphasis on interaction: a high degree of national homogeneity or the lack thereof can be explained by the degree of interdependency between arenas.While apprehension of victim-blaming became a given in public debates, what I call “second-degree” apprehensions—notably worries about stigmatization of men of color and about reducing people to the roles of passive victim or aggressive predator—caused many actors to hesitate to embrace the category “street harassment” and disagree on how to address the acts entailed. They created polarization about something nearly everyone, at least publicly, agreed was a problem
Abstract FR:
Cette thèse propose une analyse de la constitution du harcèlement de rue comme objet de débat et de politique publique aux Pays-Bas et en France. Si cette comparaison montre des différences nationales récurrentes dans l’appropriation de la notion de « harcèlement de rue », elle montre également un point commun important entre la France et les Pays-Bas d’aujourd’hui. Si le fait de blâmer les victimes et de minimiser des actes politisés comme « harcèlement de rue » est encore courant dans des contextes non-publics, une fois exprimées dans des débats politiques ou dans les médias, de telles positions sont en général sévèrement critiquées, déclenchant alors des attentes d’excuses ou une reformulation du propos de la part de leurs premier·e·s énonciat·eur·rice·s. Alors que, depuis dix ans, le harcèlement de rue est devenu l’objet de condamnations publiques aux Pays-Bas et en France, qu’est-ce qui explique que sa politisation ait produit un tel malaise et une telle polarisation dans ces sociétés, et que les réponses locales afin d’y répondre aient été si variables ?Notre recherche est constituée de 104 interviews avec les acteurs et actrices principa.ux.les investi.e.s dans ce problème public – des politicien.ne.s, des fonctionnaires, des militant.e.s, des chercheu.r.se.s et des journalistes –, environ 250 heures d’observations de réunions organisées par ces personnes, et l’analyse de 380 articles de presse, ainsi que d’environ 230 documents d’action publique et militants, et des rapports de recherche.Cette thèse s’inscrit dans la continuité des travaux sur les problèmes publics et sur la « production des victimes ». Si la plupart des travaux dans ces domaines focalisent principalement leur attention sur les objectifs positifs que les personnes tentent d’accomplir – changer une loi, sensibiliser le grand public – et sur ce qui permet ou empêche ces personnes de les atteindre, de nombreuses personnes que nous avons rencontrées sur le terrain cherchent à éviter certaines façons d’aborder cette question. Certain.e.s militant.e.s français.e.s, par exemple, évitent de mentionner aux médias le profil ethnoculturel des personnes qui harcèlent par appréhension que cette information puisse être « instrumentalisée » par des partis de droite afin de justifier des politiques migratoires plus restrictives. Comme alternative à la notion de « blame avoidance », qui réduit l’action sociale à la logique de stratégie instrumentale, nous proposons d’analyser ces conduites d’évitement par l’usage du terme « appréhension ».Malgré des différences entre les arènes considérées – le journalisme, le militantisme, l’action publique – on observe des similitudes importantes entre les façons dont les personnes ont abordé la question du harcèlement de rue dans chaque pays. En France, les militantes féministes sont les premières entrepreneuses morales sur ce sujet, et l’ont encadré comme une question de domination masculine et une violence faite aux femmes. Aux Pays-Bas, au contraire, la question a été mise sur l’agenda politique par des politicien.ne.s de droite. Ces dernier.e.s ont encadré le harcèlement de rue comme une perturbation de l’ordre public créée par des jeunes hommes racisés. Cette thèse propose une explication configurationnelle de la « culture nationale » qui met l’accent sur l’interaction : un haut degré d’homogénéité nationale ou l’absence de celle-ci peut être expliqué par le degré d’interdépendance entre les arènes.Tandis que la crainte de blâmer la victime s’est généralisée, ce que nous appelons des appréhensions de « second degré » – notamment des inquiétudes concernant la stigmatisation des hommes racisés – ont créé des hésitations chez des personnes à s’approprier la catégorie de « harcèlement de rue » et des désaccords sur la meilleure façon de combattre ces actes. Cela a mené à une polarisation à propos de quelque chose dont presque tout le monde, au moins publiquement, était d’accord de définir comme un problème.