Réformer l'hôpital, soigner les patients : une sociologie ethnographique du nouveau management public
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
French authorities try since the middle 70s to « contain » health expenditures. Among others tools, they use those of New Public Management (NPM). Beyond its theory, what does this doctrine do for / to the hospitals and their patients? The current policy has been examined from a top-down perspective as weIl as a bottom-up one. The first entry -in the ethnographic sense -was in a government agency and then looked up at the private consulting agencies it appoints, hospitals and patients. The second one processed in the reverse order. Moreover, quantitative data have been analysed, stemming from two field-based questionnaires and administrative databases (n=1,8 million). Several results appear. 1) The policy is much more concerned with cost cutting than with quality enhancement. The government agency try to turn resource problems into organisation ones, i. E. To make physicians, nurses and so on, accountable for the troubles in the hospitals. 2) This policy may have real effects only if it is supported by intermediate actors, what in practice depend on their former socialisations. 3) The policy conflicts with hospital professionals, so that among them the established (in the sense of Norbert Elias) oppose it, and the outsiders cooperate more. 4) In the more « advanced » department of those inquired, a better« efficiency » meant a lower quality of the treatments delivered to the patients.
Abstract FR:
Les pouvoirs publics français tentent depuis le milieu des années 1970 environ de « maîtriser les dépenses de santé », notamment dans les hôpitaux, à l'aide d'instruments comme le PMSI (1982), la T2A (2005), ou ceux du Nouveau management public (NMP), cette doctrine d'origine entrepreneuriale visant à importer dans le secteur public les outils du secteur privé. En quoi consistent en pratique ces réformes managériales et quels sont leurs effets sociaux? L'enquête a procédé par deux voies d'entrée ethnographique, l'une partant des institutions décisionnelles pour « descendre» vers les hôpitaux et leurs patients, l'autre ancrée dans ceux-ci pour « monter» vers celles-là. Elle mobilise aussi des données quantitatives, issues de 2 questionnaires inductivement conçus et de bases de données médico-administratives (n=1,8 million). L'enquête montre plusieurs choses. 1) Ces « réformes» sont largement inspirées par des considérations budgétaires plutôt que de qualité des soins; elles tentent de convertir des problèmes de moyens en problèmes d'organisation, autrement dit de rendre les soignants responsables des difficultés qu'ils rencontrent. 2) Les acteurs intermédiaires, qui sont nécessaires pour les porter vers les soignants, se les approprient ou non, notamment en fonction de leurs socialisations antérieures. 3) Réformateurs et soignants s'opposent sur la définition des buts légitimes de l'hôpital; parmi les soignants, les established s'opposent plutôt aux réformes, par professionnalisme, tandis que les otlhiders se les approprient davantage. 4) L'amélioration de « l'efficience» promue par les réformes va de pair avec une dégradation de la qualité des soins.