thesis

Écrire en Banlieue : analyse des pratiques d'écriture chez les jeunes issus des immigrations postcoloniales in Ile-de-France

Defense date:

Jan. 1, 2010

Edit

Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

This research aims to show how young descendants of postcolonial immigrants practice writing outside of school. One of the stereotypes about the so-called “kids from the suburbs » is: they never write anything, unless they have to at school. The current enthusiasm for their music and their colorful language known as verlan, the high rate of school dropouts, the social and historical representations of writing by suburban dwellers contribute to the development and the « naturalization » of this stereotype. However, our fieldwork conducted in Paris suburbs (Ile-de-France region) shows a more complex reality. Ln fact, there are various writing practices in suburban culture: some of them are innovative, creative, even unexpected (associated with the audiovisuals, inserted into musical or graphic expressions), others more classical (production of texts, and even literary writing). Our work analyzes how these young descendants of postcolonial immigrants practice writing despite unfavorable situations, in order to determine what are the conditions for the construction of “writing subjects”. Finally, our thesis deals with the gap between the preconceived idea and the reality about suburban youth writing practices which reveals the way by which the society looks at its postcolonial minorities, not far from a form of cultural ethnocentrism.

Abstract FR:

Ce travail consiste en une sociologie des pratiques d'écriture chez les jeunes issus des immigrations postcoloniales. Il part d'un lieu commun les « jeunes de banlieues » seraient au mieux indifférents au pire viscéralement hostiles à l'écriture pour "démonter" ce stéréotype, en montrer les mécanismes et les implications. L'accent mis sur l'oralité, les difficultés scolaires, la représentation sociale et historique de l'écriture contribuent en effet à répandre et à naturaliser l'idée que ces jeunes n'écrivent pas ou très peu, sauf quand ils y sont obligés par l'école, plaçant la culture écrite aux antipodes de la « culture des banlieues ». Notre enquête, conduite en Ile-de-France, montre une réalité plus complexe : l'écriture existe bel et bien dans les pratiques culturelles des "jeunes de banlieue", sous des formes multiples et variées: certaines sont innovantes et parfois inattendues (articulées avec l'audiovisuel, ou insérées dans des pratiques musicales ou picturales), d'autres plus classiques (production de textes et même, écriture littéraire). Sortant de la logique normative et légitimiste, notre approche place la subjectivité au centre de l'analyse pour déterminer comment, dans quelles conditions et dans quelles limites, ces jeunes se dégagent de situations défavorables à l'écriture pour se construire en tant que sujets écrivants. Ce travail montre ainsi le décalage entre les idées préconstruites et la réalité des pratiques d'écriture en banlieue qui, pour ignorées qu'elles soient, apparaissent comme un véritable révélateur du regard que porte la société sur ses minorités postcoloniales, regard qu'on peut rattacher à une forme d'ethnocentrisme culturel