La politique au-delà de la vie politique : pratiques et représentations de la citoyenneté chez les jeunes adultes à Santiago du Chili, New York et Paris
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The first step of the analysis shows that the three polities are organized around the same political principles, with a central role given to the individual and the citizen in foundational discourses. We called this common representation background a "contractualist model". But beyond this shared matrix, data analysis shows substantial national difference regarding a couple of key issues like perceptions of inequalities, conceptions of citizenship and repertories of political actions. I propose an interpretation in terms of national political cultures typified as predominantly liberal (United Stats) republican (France) or mixed (Chile). In-depth interviews conducted with young adults (25-34 years old) in the 3 cities are analyzed within the conceptual framework previously built. It appears thus that the conceptions of citizenship they evoke most frequently associate rather than oppose the figures of the individual and the citizen: ideals of social transformation and personal accomplishment are conceived as walking hand in hand (circular logic). It also appears that for these young adults, the political realm goes well beyond political life. 2/3 of the interviewees claim actions they call political even if they show no relation with the sphere of government proper. I refer to these action "immediate practices of citizenship" as opposed to practices of citizenship that aim at social change through the mediation of the sphere of government ("mediate practices"). Claiming immediate practices of citizenship challenges the representaion of politics as an autonomous and overhanging sphere of power and repoliticize the social realm
Abstract FR:
Une généalogie des notions connexes d’individu et de citoyenneté modernes met en évidence l'arrière-plan conceptuel commun aux trois pays de l'étude (modèle contractualiste). Au-delà de ce fonds théorique commun, on montre, à partir de données agrégées qu'il existe des variations nationales substantielles dans les manières de faire société (rapport aux inégalités, conceptions de la citoyenneté et répertoires d'actions politiques). Ces différences, analysées en termes de cultures politiques nationales, sont typifiées en faisant référence aux grands courants de la pensée politique (libéralisme et républicanisme, principalement). Sur cette toile de fond, l'analyse des entretiens approfondis réalisés avec des jeunes adultes (25-34 ans) des trois villes fait apparaître que les conceptions de la citoyenneté les plus revendiquées prennent sens non en opposition avec la figure de l'individu, mais en lien avec elle, les idéaux de transformation sociale et d'épanouissement individuel allant souvent de pair dans les discours (logique circulaire). Il apparaît aussi que, pour ces jeunes adultes, l'espace de la politique excède largement ce que l'on appelle communément la vie politique. 2/3 des personnes interrogées revendiquent ainsi des actions qu'elles qualifient de politiques alors même qu'elles sont sans rapport avec la sphère des gouvernants. Ces pratiques immédiates de la citoyenneté -par opposition aux pratiques de la citoyenneté qui visent à produire un changement social par une médiation de la sphère des gouvernants (pratiques médiates) -remettent en question la représentation d’autonomisation de la politique comme pouvoir surplombant (repolitisation du social).