La perpétuation des groupes domestiques dans les sociétés paysannes européennes
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Hereditary transmissions are largely responsible for the social differentiations observable in peasant societies: what is transmitted is generally more important than what is acquired. These devolutions lie within the framework of two different normative registers: that of law and that of custom. Moreover, they proceed through the medium of two entirely different conceptions of the nature of property, one roman, which lays emphasis on real rights, the other Frankish, which lays emphasis on personal rights. The point of view upheld in the thesis in the following : 1)the rights and customary uses governing inter-generational transmissions can be ranked under two different headings : succession (transmission of authority) and inheritance (devolution of goods); 2) it is possible to characterize the inter-generational transmission systems of a given society by showing how its particular rules of succession and inheritance combine ; 3) the combination of these two types of rules is the expression of an equilibrium between two opposite tendencies, a residential tendency, which strives towards the individualization of domestic groups and a kinship tendency, which strives to establish the supremacy of a kin group. Three main ideal types (characterized by congruent rules of succession and inheritance) are defined: house centered systems, kindred centered systems and lineage centered systems. The possibility of social change, the logic of evolution of each system is also considered, both through the eventual transmission of one type into another and through the change leading from a major type to its marginal forms, or to an intermediate type, between the three main systems.
Abstract FR:
Les différenciations sociales observables dans les sociétés paysannes tiennent, pour une large part, aux dévolutions héréditaires : ce qui est transmis l'emporte, le plus souvent, sur ce qui est acquis. Ces dévolutions s'inscrivent dans des registres normatifs différents, ceux du droit et de la coutume. De plus, elles opèrent au moyen de deux conceptions radicalement différentes de la propriété, l'une romaine, qui privilégie les droits réels, et l'autre franque, qui privilégie les droits personnels. Le point de vue soutenu dans la thèse est : 1) que les règles de droit et les pratiques coutumières régissant les transmissions entre générations peuvent être rangées sous deux grandes rubriques : la succession (transmission de l'autorité) et l'héritage (dévolution des biens) ; 2) qu'il est possible de caractériser le système de transmission entre générations d'une société donnée en montrant comment se combinent les règles de succession et d'héritage qui lui sont propres ; 3) que la combinaison de ces deux types de règles est l'expression d' une position d'équilibre entre deux tendances opposées, une tendance résidentielle, qui vise à l'individualisation du groupe domestique, et une tendance parentale, qui tend à la suprématie du groupe de parenté. Trois types idéals principaux (caractérisés par des règles de succession et d'héritage congruentes) sont définis : systèmes à maison, systèmes à parentèle, systèmes à lignage. Les possibilités de passage d'un type à un autre, ainsi que d'un type à ses formes marginales ou à un type-charnière, c'est-à-dire les logiques d'évolution de chaque système, sont envisagées.