Les sources de savoirs : le renouveau du bouddhisme et du chamanisme chez les Touvas de la Sibérie du Sud
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The thesis makes a comparative study of the post-soviet « revival » of Shamanism and Tibetan Buddhism (Guelougpa school) among the Tuvans of South Siberia (Russia). This phenomenon takes place after decades of antireligious persecutions that have resulted in the destruction of the Buddhist community and in the marginalization of Shamanism. The analysis is developed on two complementary levels: the first is focused on the religious organizations; the second on a sociology of identities and ritual practices. At the first level, the thesis shows the relationship of mutual aid and instrumentalization between, on one side, the new religious actors (the Shamans and the Buddhist clergy) and, on the other side, the political circles and the globalized spiritual and religious networks (Buddhist and « Neoshamanist »). Despite their many advantages, these external partnerships result in profound transformations of Shamanism, and in the destabilization of the religious authority in the Tuvan Buddhism. At the second level, the thesis analyses ritual practices in Shamanism and Buddhism, and the life stories of Shamans. It shows that they are both means to claim religious identities and to put into usage the ritual knowledge presented as « traditional ». Together, these two levels of enquiry provide a global understanding of the problems and stakes of the Tuvan religious revival, seized between the necessity of compensating for the inadequacy of the lost ritual knowledge, the ideological requirement of claiming the continuity with the past, and the need to adapt to the new political, legal and cultural context of Post-Soviet Russia.
Abstract FR:
La thèse propose une étude comparative du « renouveau » post-soviétique du chamanisme et du bouddhisme tibétain (école Guélougpa) chez les Touvas de la Sibérie du Sud (Russie). Ce phénomène a lieu après des décennies de poursuites antireligieuses ayant abouti à la destruction de la communauté bouddhique et à la marginalisation du chamanisme. L’analyse se développe sur deux niveaux complémentaires : le premier centré sur les organisations religieuses ; le deuxième sur une sociologie des identités et des pratiques rituelles. Au premier niveau, la thèse montre les relations d’entre-aide et d’instrumentalisation réciproque entre, d’un côté, les nouveaux acteurs du religieux (les chamanes et le clergé bouddhique) et, de l’autre, les milieux politiques et les réseaux religieux et spirituels globalisés (bouddhiques et « néochamaniques »). Malgré leurs nombreux avantages, ces partenariats extérieurs aboutissent aux transformations profondes du chamanisme, et à la déstabilisation de l’autorité religieuse dans le bouddhisme touva. Au deuxième niveau, la thèse s’intéresse aux pratiques rituelles bouddhiques et chamaniques, ainsi qu’aux récits de vies de chamanes. Les unes comme les autres apparaissent comme les moyens de revendiquer les identités religieuses et de mettre en usage les savoirs rituels présentés comme « traditionnels ». Ensemble, ces deux niveaux d’analyse rendent compte des problèmes et des enjeux du renouveau religieux touva, pris entre la nécessité de pallier l’insuffisance des savoirs rituels perdus, l’impératif idéologique d’affirmer la continuité avec le passé et le besoin de s’adapter au nouveau contexte politique, légal et culturel de la Russie post-soviétique.