Quand l'énergie change de mains : socio-anthropologie de l'autonomie énergétique locale au moyen d'énergies renouvelables en Allemagne, Autriche et France
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The development of renewable energy (RE) in Europe has been sustained, inter alia, by unconventional players in the energy sector: individuals, fanners, and local communities. As a result, over 50% of renewable energy generation capacity in Germany is citizen-owned. Thus more and more rural communities are achieving local energy independence, producing as much or even more than they consume, whether they are connected to national power grids or not (microgrids). What has led these citizens and local governments to become individually and collectively energy self-sufficient? And what are the implications of this local appropriation of energy on representations of energy and its use, social organization, social cohesion, local economies, and collective identity? These questions have guided this socio-anthropological study of five communities in Germany, Austria, and France. The transnational analysis also compares two levels of energy independence: individual (domestic) and collective (community). Changing the level of analysis makes it possible to question the role of the technical system in energy use, as well as the pioneering and key role farmers play in the choice of renewables - in order to better understand its social meaning. Within the large technical system, the choice of local energy independence, and the alternative it represents, has political, social, environmental, technical, economic, and symbolic dimensions. Because, ultimately, when energy changes hands, power does as well.
Abstract FR:
En Europe, le développement des énergies renouvelables (EnR) est porté par des acteurs jusqu'ici atypiques dans le secteur énergétique : des particuliers, agriculteurs et collectivités locales. Si bien qu'en Allemagne, plus de 50 % des capacités de production d'EnR appartiennent à des citoyens. De plus en plus de communes rurales atteignent ainsi une autonomie énergétique locale, produisant autant voir plus que leurs consommations, connectées aux réseaux énergétiques nationaux ou non (micro-réseaux). Qu'est-ce qui a amené ces citoyens et élus à devenir individuellement et collectivement autonomes ? Et quelles sont les implications de cette réappropriation locale de l'énergie sur les représentations et usages énergétiques, l'organisation sociale, les solidarités, l'économie locale ou l'identité collective ? Ces questionnements ont guidé la réalisation d'une étude socio-anthropologique auprès de cinq communes en Allemagne, Autriche et France. Cette analyse transnationale compare également deux échelles de l'autonomie énergétique : individuelle (domestique) et collective (commune). Un changement d'échelle qui permet d'interroger le rôle du système technique dans les usages énergétiques ou encore celui, précurseur et central, que jouent les agriculteurs dans le choix des EnR - pour mieux saisir son sens social. Le choix de l'autonomie locale et l'alternative qu'il constitue, au sein même du macro-système énergétique, a en effet une dimension politique, sociale, écologique, technique, économique et symbolique. Car finalement lorsque l'énergie change de mains, le pouvoir aussi.