La théorie de l'agir communicatif en face des apports d'une sociologie comparative des organisations
Institution:
Paris 5Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The thesis considers the theory of communicative action of J. Habermas from the standpoint of technical decision-making. This theory permits a critical analysis of the "social determinism of technology" inherited from H. Marcuse; nevertheless, it assumes that the price of the conditional legitimacy of technology is its assignment to a realm of social interaction where understanding through language is useless. Habermas' "linkage of the action's and system's perspectives" suggests a strategical analysis of industrial organizations, where agents and researchers maintain an "objectifying" attitude. However, this double objectivism is strongly disavowed today by industrial sociologists. Our own research focuses on the robotization of the French, German and Brazilian automobile industries. In all these countries the introduction of microelectronic tools gives rise to an increase in the importance of micro decisions; however, this universal tendency towards participation, which depends on communicative instruments, takes on very different forms according to the social cultural aspects of the country. This diversity in decision-making processes can be explained as the result of different "technical cultures". The ensuing conception leads to a revision of Habermas' interpretation of modernity.
Abstract FR:
La thèse examine la théorie de l'agir communicatif de J. Habermas selon le point de vue de la décision technique. Cette théorie permet de mettre en cause le "déterminisme social de la technique", hérité de H. Marcuse; néanmoins, peut-on accepter que le prix de la légitimité conditionnelle de la technique soit que celle-ci se cantonne dans un domaine d'interaction sociale ou toute intercompréhension langagière est inutile? Lorsqu’il s'agit d'analyser les organisations industrielles, le "raccordement entre les théories de l'action et du système" propose par Habermas suggère une analyse stratégique ou les acteurs et les chercheurs gardent une attitude strictement "objectivante"; or, ce double objectivisme est actuellement de moins en moins accepte par les chercheurs en sociologie industrielle. Nous avons enquêté sur l'introduction de robots dans l'industrie automobile française, allemande et brésilienne. Si l'informatisation provoque partout une augmentation de l'importance des "microdécisions", cette tendance générale à la participation prend des formes différentes selon le pays ou l'industrie est située. Ces formes particulières de la prise de décision technique s'expliquent par la diversité des cultures techniques dans chaque organisation, en raison surtout des caractéristiques "sociétales" du pays où elle est implantée. Cette conceptualisation plus riche de la rationalité technique nous permet de revoir l'ensemble de l'interprétation habermasienne de la modernité.