thesis

Les sens de la liberté d’expression : socio-anthropologie comparative des campus de Berkeley et de Nanterre : appropriations, retournements, récupérations, recompositions et prolongements des mémoires collectives du Free Speech Movement de 1964 et du Mouvement du 22 Mars de 1968

Defense date:

Feb. 8, 2019

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Institution:

Paris 10

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Abstract EN:

The university is one of the strongest institutions of the modern era. After having been a prime place for dissent in the 1960s, today it is the target of unprecedented attacks by the far-right. This work aims to follow a conflict of definition via a multi-sited ethnography using freedom of expression on university campuses as a world for research. The method combines comparative historical sociology – of the Free Speech Movement (1964) and the Mouvement du 22 Mars (1968) – with a socio-anthropological approach, to shed light over the dualization of the collective memories of student movements. Taking an inductive approach, I travel with my fieldwork via commemorative rites, terrorist attacks, an immersion in several revolutionary groups and a diversity of autonomous practices, all the way to the Trump inauguration and the battle of free speech with the rise of the alt-right and the far-right shows/meetings on campuses, and a series of urban riots. The systematic radical contextualization as well as the practice and genealogy of archives, a living knowledge and lateral comparison, commit to a historical study of the university. Against the theories of human capital and of democracy as a marketplace of ideas, I trace the questions of emancipation following the emergence of a « civic generation » after 1944 to the uses of digital technologies as cultural attacks on democracy. This political ethnography encourages us to (re)think sociology and critical pedagogy as counter-discourses against an anti-intellectual culture, and in doing so it aims to empower a culture of democratic intelligence, a reflexive heritage.

Abstract FR:

L’université est une des institutions les plus fortes de l’époque moderne. Lieu d’élection de la contestation, elle peut se retrouver à présent la cible d’attaques sans précédent de l’extrême droite, en particulier aux Etats-Unis. Cette thèse vise à suivre un conflit de définition par le biais d’une ethnographie multisituée, avec comme terrain de recherche la liberté d’expression sur les campus universitaires. En partant d’une sociologie historique comparative du Free Speech Movement de 1964 à Berkeley et du Mouvement du 22 Mars de 1968 à Nanterre, une approche socio-anthropologique permet d’examiner une dualisation des mémoires collectives des mouvements étudiants des années 1960. Suivant une démarche inductive, je voyage avec mon terrain dont l’étude inclut une immersion au sein de plusieurs groupes révolutionnaires, l’observation des rites commémoratifs, des attentats, d’une diversité de pratiques autonomes, et s’étend jusqu’à l’inauguration de Trump et le retournement de la liberté d’expression par des groupes d’extrême droite, la montée en puissance de l’alt-right et ses spectacles/meetings sur les campus, provoquant une série d’émeutes urbaines. La contextualisation systématique et radicale, la pratique et la généalogie de l’archive, le savoir vécu, alliés à une approche comparatiste latérale, engagent à un travail historique sur l’institution universitaire. À rebours des thèses du capital humain, de la démocratie comme libre marché des idées, je retrace la question de l’émancipation, suivant la création d’une « génération civique » après 1944, jusqu’à son retournement numérique. Cette ethnographie politique incite à (re)penser la sociologie et la pédagogie critique comme contre-discours face à une culture anti-intellectuelle, pour rendre possible une culture commune de l’intelligence démocratique, un héritage choisi et réfléchi.