thesis

Les écritures populaires aux marges du droit social : plaintes, litiges, protestations

Defense date:

Jan. 1, 2011

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Institution:

Paris 8

Disciplines:

Abstract EN:

How can one read thousands of letters addressed by individuals to welfare state bureaucracies in order to get an aid, support or supervision ? If one is compelled to write about his personal situation to have access to a right, does it lead to a reflexive moment and to a redefinition of one’s social identity ? What is at stake in those settings to writing ? This dissertation analyzes several corpus of letters in which their authors reveal themselves, tell problems of their ordinary life, asking for and trying to obtain a protection. Throughout thousands of letters – written complaints notified to a police station in the 1950s, writings linking the unemployed with agents of an employment agency, letters received by a quasi-Department – one discovers injunctions that bear upon their authors, summoned to give away or to actualize elements of their personal situation in order to fill the social law categories or to assert a right. This analysis also concerns the word-to-word level, based on what the letters condense and seek to produce, on what they think they are acting on. Because they can hardly fit in the administrative and juridical structures, negative answers lead to new instances of settings to writing. Don’t we have here a circular relation, where ways to define oneself and acting codifications keep sending the authors back to their privates affairs ? Here, the writing is a problematic moment, all at once familial, economical and personal. As a reflexive gesture and cooperation with state-defined categories, it actualizes a social relation linking intimacy to politics.

Abstract FR:

Comment lire ces milliers de lettres de particuliers adressées à des administrations de l’État social pour obtenir une aide, un soutien, une prise en charge ? Le fait d’être obligé d’écrire sur sa situation personnelle afin d’accéder à un droit peut-il devenir un moment fort de réflexivité dans lequel se pose la question de la définition de soi ? Que se joue-t-il dans ces prises d’écritures ? Cette thèse étudie plusieurs corpus de lettres à l’intérieur desquelles les auteurs se dévoilent, racontent les problèmes de leur vie ordinaire, demandent et essayent d’obtenir une protection. À travers des lettres recueillies au sein d’une main courante de police des années 1950, des écrits qui lient les chômeurs aux agents de Pôle emploi et des missives reçues par un quasi-ministère, on découvre les injonctions qui pèsent sur leurs auteurs, sommés de donner ou d’actualiser des éléments de leur situation personnelle pour entrer dans les cases du droit social ou faire valoir leur droit. L’analyse porte aussi sur le mot à mot, sur ce que les lettres condensent et cherchent à produire, ce sur quoi elles pensent agir. En retour, et parce qu’elles peinent à entrer dans les armatures administratives et juridiques, les réponses négatives suscitent de nouvelles prises d’écritures. N’est-ce pas dans ce jeu circulaire que se forment à la fois des manières de se définir et des codifications en acte qui ne cessent de renvoyer les auteurs à leurs propres affaires ? Ici, l’écrit est bien un moment problématique, à la fois familial, économique et personnel. Comme geste réflexif et comme coopération aux catégories de l’État, il actualise un rapport social qui lie l’intime et le politique.