thesis

Les Françaises musulmanes face à l'emploi : le cas des pratiquantes "voilées" dans la métropole lilloise

Defense date:

Jan. 1, 2011

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

Even if it originally is, a strictly individual decision, a result of a profoundly intimate conviction, the choice of the islamic veil demands a heavy social price from french practicing Muslim women; as it abruptly stops their social ascension at the turning point of having access to professional activity. Ln fact, they found themselves facing obstacles that tell us a great deal about tensions Iinked to their own presence legitimacy in the French public space. What do these women really want is to openly occupy their places within the French society, which simultaneously means to continue keeping their veils on. Factually, to be socially and professionally accepted, they are expected to prove their integration and give up ail the shapes of idiosyncrasies, whih is hardly imaginable, since their conception of lslamity and Francity is indivisible. This study tries to essentially spotlight how French Muslim women's professional inclusion and exclusion mechanisms operate. Besides the employers' traditional discriminatory practices, these latter's merely conceive the islamic veil as a criterion of professional disqualification. This work tries as well to investigate the existence of an auto-exclusion process and highlight the impacts of diplomas professional value, family choices and the psychological management of stigma on their professional arbitration. Meanwhile, concerning those of them who succeed to have access to the labour market, my approach underlines and reports their remarkable strategies and sets up a mapping of their professional habits to flnally conclude that their professional Activity affects the internal structure of Muslim couples.

Abstract FR:

Bien qu'il soit -à l'origine -un geste individuel relevant d'une « conviction intime », le choix du voile a un «coût» social : il neutralise les musulmanes pratiquantes dans leur mouvement d'ascension sociale. Au moment charnière de s'insérer dans la vie active, elles se heurtent à des obstacles qui en disent long sur les tensions liées à la légitimité de leur présence dans l'espace public. Ce que veulent ces jeunes femmes c'est « avoir une place » au sein de la société, pouvoir la prendre et l'occuper « à visage découvert », c'est-à-dire « les cheveux couverts ». Or, pour être socialement acceptées et professionnellement insérées, on exige d'elles qu'elles se montrent « intégrées », qu'elles abandonnent toutes formes de particularisme; chose difficilement concevable pour des femmes qui conçoivent leur islamité et leur francité de façon concomitante et indissociable. Cette étude apporte un éclairage précieux sur les processus d'inclusion et d'exclusion professionnelle des Françaises musulmanes. Outre les pratiques discriminatoires des recruteurs chez qui le voile fonctionne comme un critère de non-embauche, l'enquête révèle l'existence de mécanismes d'« auto-exclusion » des Françaises musulmanes elles-mêmes. Elle souligne les incidences de la valeur professionnelle des diplômes, des choix familiaux ainsi que de la gestion psychologique du stigmate sur leur arbitrage professionnel. Quant à celles qui parviennent à s'installer sur le marché de l'emploi, cette enquête met en exergue leurs stratégies singulières, dresse une cartographie de leurs pratiques professionnelles, et établit que le travail de ces actives affectent la structure interne des couples musulmans.