Les relations afro-maghrébines du foyer au quartier : la fraternité islamique à l’épreuve du quotidien
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The social composition of immigration in France shows a plurality of “ethnic groups”, communities, professions and religions. Regarding Sub-Saharans and North Africans, differentiation begins with the phenotype, and then becomes prejudices in social relation between individuals and groups. The life of North African and Sub-Saharan immigrants in foyers (hostels used for their accommodation) since the 1950s, as well as later in urban neighbourhoods, is characterized by a grouping which has reinforced ethnicization. Both populations occupy spaces according to their origins and cultures. Moreover, “racialization” on the basis of skin colour may have created a gap between the Sub-Saharan population and the North African population which is wrongly considered as a homogeneous “immigrant” group.What kind of relationship exists between the Sub-Saharan populations and the North African populations in France? What kind of sociability exists between Sub-Saharans and North Africans of the same generation? Have social barriers made relationships particularly sensitive on the issue of matrimonial alliances and the ensuing kinship relationships? Have both North Africans and Sub-Saharans succeeded in adapting their lifestyle with that of their host society's distinct traditions? What is the consistency of the notion of fraternity between Sub-Saharans and North Africans? By whom and how is it expressed? Other than a confessional (Islamic) fraternity, is not there evidence of the erosion, the questioning, or even the disappearance of a form of solidarity and fraternity? Finally, how do the transformations that take place in concrete living conditions (work, housing) influence sociability, and more generally the relationship with others?My study focuses on the relationships between the groups of “Afro-Maghreb immigrants of France” within the social reality of daily exchanges. The “slave cleavage” and its representations associated with (black) skin colour may have created a gap in social life between the Maghreb group and the Sub-Saharan group. Their effect is felt in every society where both groups live together. This social disqualification may have affected matrimonial ties. The reasons are often related to black (and white) disqualification, which revives the memory of slavery for Blacks among Arabs, which explains why Arabness is associated with negative representations among many Sub-Saharians today. The thesis is divided into five parts, the first part outlines the purpose of this research and its narrative, which are followed by the lexicon of “racializing” that Afro-Maghreb relations have generated over time. This section also provides an overview of the populations we study, the areas where they live, as well as the methods used during this research. In the second part, we have defined “groups and their borders”, North Africans and Sub-Saharans across space and through human history. Then, we discussed the criteria of morality and assessment factors for the Afro-Maghreb community. In this section, we have given more importance to mobility and interaction, first in the context of relations between the Maghreb and Sub-Saharan Africa through history, particularly the pre-colonial period. Then we have addressed Afro-Maghreb immigration and post-colonial interethnic cohabitation up to the present day.
Abstract FR:
La composition sociale de l’immigration, en France, montre une pluralité d’ « ethnies », de communautés, de professions, de religions. S’agissant des Subsahariens et des Maghrébins, les différences commencent par le phénotype, ensuite elles prennent des formes de préjugés dans les relations sociales entre les individus et les groupes. La vie des immigrés Maghrébins et Subsahariens dans les foyers, dès les années 1950, ainsi que plus tard dans les quartiers, se manifeste par son caractère de groupement qui en renforce l’ethnicisation. Les deux populations occupent des espaces selon leurs origines et leurs cultures. Par ailleurs la racialisation sur la base de la couleur de peau a pu créer un fossé entre la population subsaharienne et la population magrébine, considérées à tort comme un ensemble « immigré » indistinct.Quels rapports entretiennent entre elles, les populations Subsahariennes et les populations Magrébines, en France ? Quelles sociabilités entre les Subsahariens et les Magrébins de même génération ? Des barrières sociales n’ont-ils pas rendu les relations particulièrement sensibles sur la question des alliances matrimoniales et des relations de parenté qui s’ensuivent ? Les Maghrébins comme les Subsahariens, ont-ils réussi à acclimater le style de vie de la société d’accueil avec les traditions distinctes? Quelle est la consistance de la notion de fraternité entre les Subsahariens et les Magrébins ? Par qui et comment est-elle mobilisée ? Au-delà de l’hypothèse d’une fraternité confessionnelle (islamique), ne peut-on constater l’érosion, la mise en cause, voire la disparition de forme de solidarité et de fraternité ? Enfin comment les transformations qui opèrent dans les conditions concrètes d’existence (travail, logement) influencent-elles les sociabilités, et plus généralement le rapport à autrui ?C’est dans la réalité sociale des échanges quotidiens que j’étudie les rapports qu’entretiennent entre eux les groupes composant les « immigrés afro-maghrébins de France ». Le « clivage d’esclavage » et ses représentations associées à la couleur de peau (noire) ont pu créer un écart dans la vie sociale entre le groupe maghrébin et le groupe subsaharien. Leur effet se fait ressentir dans chaque société où se trouvent les deux groupes. Cette disqualification sociale a pu affecter les liens matrimoniaux pour des raisons souvent liées à la couleur noire (et à la couleur blanche) disqualification qui fait revivre le souvenir de l’esclavage pour les Noirs chez les Arabes, ou du moins lui est associé, ce qui explique que l’arabité soit associée à des représentations négatives chez nombre de Subsahariens aujourd’hui. La thèse est construite en cinq parties, la première partie expose l’objet de cette recherche et son récit, suivis par les lexiques racialisants que les relations afro-maghrébines ont pu engendrer à travers le temps. Cette partie présente également un aperçu sur les populations concernées, les terrains qui les hébergent, ainsi que les méthodes empruntées au cours de cette recherche. Dans la deuxième partie, nous avons défini « les groupes et leurs frontière », les Maghrébins et les Subsahariens à travers l’espace et à travers l’histoire des hommes. Puis, nous avons abordé les critères de moralité ainsi que les facteurs d’évaluation chez les Afro-maghrébins. Dans cette partie, nous avons donné plus d’importance à la mobilité et à l’interaction ; d’abord dans le cadre des relations entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne à travers l’histoire notamment l’époque précoloniale, puis nous avons abordés l’immigration afro-maghrébine et la cohabitation interethnique postcoloniale, jusqu’à nos jours.