« Bon bagay » et « bandidos » : genre, race, nationalité et les Casques bleus brésiliens en Haïti
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Peacekeeping is a new activity that has boomed since the 1990s. For the Brazilian army, it is also an exceptional occupation. In what has been its biggest contribution to an UN Security Council operation, Brazil has sent 22 thousand military personnel to the UN Mission for the Stabilization of Haiti, between 2004 and 2017. This troop donation is partly an expression of the Worker’s Party foreign policy of “critical multilateral engagement”. What did these troops do while on the ground? How do they understand this new multilateral and humanitarian framework, in theory so far removed from “classic” military fonctions? Using qualitative research and observation carried out in Port-au-Prince and Brasília, and applying gender lenses, this thesis tries to understand international phenomenon from the “bottom-up”, based on discourses and practices coming from the actors on the field. Masculinity, nationality and race relation, their correlations and logics emerging from a specifically Brazilian context gives us the keys to understand international peacekeeping and how the international order is kept. Peace operations allows us to understand the transformations military activity has been undergoing in the 21th century, and it also allows us to understand transformations in masculinity. In the Brazilian case, UN employement is not “low intensity”, as it is the case for northern armies. It is an activity that has been charged with “warrior value”, an occasion to embody “national pride” and it adapts discourses on nationalism and the qualities of the “Brazilian man”.
Abstract FR:
Le maintien de la paix est une activité nouvelle qui a pris son essor depuis les années 1990. Pour l’armée brésilienne, elle est également une activité d’exception. Dans sa plus grande contribution à une opération du Conseil de sécurité de l’ONU, le Brésil a envoyé 22 mille militaires pour participer à la Mission de Nations unies pour la Stabilisation en Haïti entre 2004 et 2017. Cet apport s’est fait dans le contexte d’un « engagement critique multilatéral » de la part du Parti des Travailleurs au pouvoir à l’époque. Que font ces militaires sur le terrain ? Quel est leur interprétation de ce nouveau cadre multilatéral et humanitaire, en théorie si éloigné des fonctions militaires « classiques » ? En partant d’une enquête qualitative et des observations menées à Port-au-Prince et à Brasília, ainsi que d’une grille de lecture du genre, cette thèse essaie de comprendre l’international « par le bas », à partir des discours et des pratiques des acteurs sur le terrain. La masculinité, la nationalité et les rapports de race dans ses imbrications et dans des logiques propres au contexte brésilien sont clés dans la compréhension du maintien de la paix et de l’ordre international. Le maintien de la paix illumine pas seulement les transformations de l’activité militaire dans le XXIe siècle, mais également les transformations dans la masculinité. Dans le cas brésilien, les opérations de paix ne sont pas un emploi de « basse intensité », comme pour ses homologues du Nord. C’est une activité chargée de « valeur guerrière », une occasion d’incorporation de la « fierté nationale » et de mise à jour des discours banals sur la nationalité et les qualités de l’« homme brésilien ».