thesis

Le « cinéma social » aux frontières de l'engagement : sociologie d'une catégorie entre art et politique

Defense date:

Jan. 1, 2008

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Abstract EN:

This thesis deals with the social cinema label as it was defined in the second half of the 1990s and in the 2000s by cinema reviewers, researchers in social sciences and militants fighting against the effects of economic liberalism and globalisation. These actors of the mediation and the reception have gathered under this label French films dealing with the working class. Their debates, focussing on the figures of the marginal and of the worker, question the social cinema category, operating as a resource and a restraint into the art worlds. Because defining, criticizing and taking part in social cinema is not obvious, because this undertaking raises the question of the boundaries between art and politics, our analysis integrates the speeches and the practices involved in the making of social films. Indeed, the survey takes into consideration the trajectory of the labelled films, from their production to their reception. Our investigation combines observation and interviews with different people involved in the process of making and defining works of art: producers, directors, actors, technicians, cinema's managers, cinema reviewers, researchers in social sciences, militants and members of the audience. We highlight how the forms of commitment to social films are embodied in some material devices (press articles, books, cinematographic events) which ensure their diffusion, circulation and efficiency into different social fields. This reveals a renewal in the commitment of artists and intellectuals belonging to the Left in a context where the legitimacy of politics and party militantism is being called into question.

Abstract FR:

Cette thèse a pour objet la catégorie de cinéma social telle qu'elle a été définie dans la deuxième moitié des années 1990 et dans les années 2000 par des critiques cinématographiques, des chercheurs en sciences sociales et des militants proches des mouvements antilibéraux. Ces différents acteurs de la médiation et de la réception ont regroupé sous ce label des films français mettant en scène des personnages membres des classes populaires. Enjeu de débats autour des figures de l'exclu et de l'ouvrier au travail, la catégorie fonctionne à la fois comme ressource et contrainte dans les mondes de l'art. Parce que définir, critiquer, participer au cinéma social ne va pas de soi, parce que cette entreprise pose des questions de positionnement entre art et politique, l'analyse intègre discours et pratiques en jeu dans la réalisation des films sociaux. L'enquête de terrain a pris en considération la trajectoire des films étiquetés, de leur production à leur réception. Elle combine observations et entretiens auprès d'acteurs qui participent aux processus de fabrication et de qualification des œuvres: producteurs, réalisateurs, comédiens, techniciens, exploitants, critiques, chercheurs, militants et publics. On montre comment les formes de l'engagement autour des films sociaux prennent corps dans des dispositifs matériels (publications, manifestations cinématographiques) qui en assurent la diffusion, la circulation et la performativité entre différents espaces sociaux. Se donne ainsi à voir un espace de renouvellement de l'engagement des artistes et intellectuels de gauche dans un contexte de remise en cause de la légitimité de la politique et du militantisme partisan.