thesis

Regards croisés sur les rapports des classes populaires au politique en Argentine : retour sur la question du clientélisme

Defense date:

Jan. 1, 2010

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This thesis relates to the analysis of the transformations of the symbolic statute of the popular classes in Argentina since the eighties and on the imposition of the moral and erudite label of "ciientelism" as the dominant way to give an account for the relation between these classes to politics. The popular world radically changed since the decade of 1970. These transformations are not only the effect of the socio-economic processes but also of the changes in the official treatment of the "social question" and the symbolic fights to impose solutions on these problems, i. E. To constitute "a new social question" involving new forms of perception and treatment of the popular world. The role of multilateral credit organizations is to be underlined: they financed and encouraged new policies in the "fight against poverty", promoting targeting, decentralization and the participation of the "civil society" in their implementation. In the same way, new groups of agents interested in the intervention in the popular world contributed to shape this social question, making "clientelism" a social and political evil to fight against: they are experts in the statistical measurement of the "poor", experts in the "fight against poverty", experts in the "fight against clientelism", organizations of the civil society, NGOs. In this context, the category "clientelism" a moral, erudite, expert and political label -was essential to shape dominant points of view for the relation of the popular classes to politics. It seems like a social and political evil able to slow down the process of empowerment of the "capacities" of the "poor" and a political model of disqualification of popular politics: any political action, any demonstration, any electoral victory in "poor" districts is suspected by the actors previously mentioned as the result of "clientelism" and, thus, disqualified and politically illegitimated. This vision is analyzed in this work as well as the uses of the label with in the space of political communication as in the erudite debates on popular politics. The description of the moral economy of the circulation of the government aid in popular quarter opens the way to study the political circuits of circulation of public goods trying to exceed the problems of simplifications of popular politics in terms of "clientelism"

Abstract FR:

Cette thèse porte sur l'analyse des transformations du statut symbolique des classes populaires en Argentine depuis les années 1980 et sur l'imposition de l'étiquette morale et savante de «clientélisme » comme façon dominante de rendre compte du rapport de ces classes à la politique. Le monde populaire s'est radicalement transformé depuis les années 1970. Ces transformations ne sont pas seulement l'effet des processus socio-économiques, mais aussi des changements du traitement étatique de la «question sociale » et des luttes symboliques pour imposer des solutions à ces problématiques, c'est-à-dire pour constituer «une nouvelle question sociale » entraînant de nouvelles formes de perception et de traitement du monde populaire. Le rôle des organismes multilatéraux de crédit est à souligner: ils ont financé et encouragé les nouvelles politiques sociales de « lutte contre la pauvreté », promouvant le ciblage, la décentralisation et la participation de la « société civile » à la mise en place de ces politiques. De même, de nouveaux groupes d'agents intéressés par l’intervention sur le monde populaire ont contribué à donner forme à cette question sociale, ainsi qu'à faire du « clientélisme » un mal social et politique à combattre : il s'agit d'experts dans la mesure statistique des « pauvres », d'experts en « lutte contre la pauvreté », d'experts en « lutte contre le clientélisme », d'organisations de la société civile, d'ONG. Dans ce contexte, la catégorie « clientélisme » une étiquette morale, savante, experte et politique -s'est imposée comme forme de référence dominante du rapport des classes populaires au politique. Elle apparaît comme un mal social et politique capable de freiner le processus de renforcement des « capacités» des « pauvres» et comme une forme de disqualification politique de la politique populaire. Cette vision est analysée dans tant dans les usages de l'étiquette au sein de l'espace de la communication politique que dans les débats savants sur la politique populaire. La description de l'économie morale de la circulation des aides publiques dans un quartier populaire, ouvre la voie à une étude des circuits politiques de circulation de biens d'origine publique essayant de dépasser les problèmes des simplifications de la politique populaire en termes de « clientélisme »