Les rapports sociaux de sexe dans les forces politiques kurdes en Iran entre 1979 et 1991 : le Komala
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis analyses gender relations within Komala, the left-wing Kurdish organization that was emerged on the Iranian political scene after the 1979 Revolution. In order to make visible the events peculiar to this historical period, ignored and forgotten both by researchers as well as political and social movements in Iran, the thesis examines gender inequalities within the organization, focusing on women’s political participations and engament. To do so, the thesis draws on the political experiences and life stories of ex-Peshmerga (fighters in Kurdish) gathered through numerous interviews.Analyzing the trajectories of militant Kurdish women in the organization, carried out with the help of gender and feminist studies, makes it possible to observe the inter-articulations and reconfigurations of the sexual division of reproductive labor, the sexual division of revolutionary labor, and sexist representations.According to the results of this thesis, the sexual divisions of labor are reconfigured within the organization through unequal and asymmetrical relations between men and women. Whereas Kurdish women were socially confined to the domestic space until the 1979 Revolution, they played a new and active role as Peshmerga in the political sphere which, nonetheless, was not easily accessible to and feasible for them. To enter political life, in particular armed struggle, women had to encounter various obstacles, including masculinity and the difficulties involved in the creation of ‘non-mixed’ spaces. Although the organization has considered itself ‘revolutionary’ and ‘avant-garde’ on gender norms, and despite women’s efforts to modify those norms, Komala remains structured by the sexual division of labor in the context of armed struggle.
Abstract FR:
Cette thèse analyse les rapports sociaux de sexe au sein du Komala, une organisation d’extrême gauche kurde qui émerge sur la scène politique dès la victoire de la révolution de 1979 en Iran. Afin de rendre visibles des évènements ignorés de cette période, tant par les recherches que par les mouvements politiques et sociaux en Iran, elle analyse la participation des femmes et les inégalités entre femmes et hommes au sein de cette organisation en se focalisant sur les expériences des femmes. Pour ce faire, cette thèse s’appuie sur des récits de vie d'ex-peshmergas recueillis dans le cadre d’entretiens.Les trajectoires militantes des femmes kurdes analysées à l’aide des corpus théoriques des études de genre et féministes permettent d’observer l’articulation, les continuités et les reconfigurations entre la division sexuelle du travail reproductif, la division sexuelle du travail révolutionnaire et les représentations sexistes.Selon les résultats de cette thèse, les divisions sexuelles du travail se reconfigurent au sein de l’organisation en relations inégales et asymétriques entre les hommes et les femmes. Alors que les femmes kurdes étaient jusqu’à la révolution de 1979 socialement assignées à l’espace domestique, elles jouent un nouveau rôle de peshmergas (ou combattantes en kurde), qui reste néanmoins difficilement accessibles. Leur cheminement pour entrer dans la vie politique, notamment la lutte armée, marquée par la masculinité et la non-mixité, rencontre de nombreux obstacles et empêchements. Bien que cette organisation se soit considérée comme révolutionnaire et avant-gardiste sur les normes de genre et malgré les efforts des femmes pour modifier cet ordre social, le Komala reste structurée par la division sexuelle du travail dans un contexte de conflits armés.