thesis

Les reconfigurations de la relation carcérale : sociologie des espaces de communication entre prisonnier·e·s et autorités pénitentiaires

Defense date:

Oct. 23, 2019

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Abstract EN:

This research focuses on one of the contemporary transformations in contemporary French prisons: the opening and renewal of communication spaces between prisoners and prison authorities. As a result of the introduction of new norms regulating prison life; the emergence of new actors to enforce them, the implementation of standardized procedures and the promotion of new security doctrines, the possibility for prisoners to express requests and engage in legal remedies has become part of prison formal functioning. To assess this evolution, this study investigates how these discourses shape everyday life in prisons, and in particular in their thematic, relational and argumentative aspects, but also how the formats of these communications between prisoners and prison authorities, and in particular in their technical, material and normative constraints, shape those discourses. This thesis is structured around four spaces of communication: the prison corridors where informal and daily communications between prisoners and supervisors take place, the requests written by prisoners to prison officials, the face-to-face audiences between a prisoner and an official and, finally, the disciplinary hearings where the institutional power to punish is put into play. By adopting a bottom-up perspective, the analysis of these spaces makes it possible to describe the hybrid economy of power relations in prison. To do this, this research is mainly based on an investigation in two French prisons. It combined ethnographic observation of the expression and handling of grievances, interviews with prisoners and professionals, and analysis of bodies of written or oral communications between prisoners and prison officers.

Abstract FR:

Cette recherche interroge l’une des transformations que connaissent les prisons françaises contemporaines : l’ouverture et le renouvellement d’espaces de communication entre prisonnier·e·s et autorités pénitentiaires. Sous l’effet de la densification de l’environnement normatif, de la multiplication des organes de contrôle, du développement de procédures standardisées ou encore de la promotion de nouvelles doctrines sécuritaires, la prison a en effet intégré à son fonctionnement formel la possibilité pour les prisonnie·e·s d’exprimer des requêtes et des recours. Prendre au sérieux cette évolution suppose de s’intéresser à ce que ces discours font au quotidien carcéral, et tout particulièrement à leurs thématiques, relationnelles et argumentatives, mais aussi aux formats de ces communications entre prisonnier•e•s et autorités pénitentiaires, et notamment à leurs contraintes techniques, matérielles et normatives. L’architecture de cette thèse suit pour cela quatre espaces de communication : les coursives où s’inscrivent les communications informelles et quotidiennes entre prisonnier•e•s et surveillant•e•s, les requêtes écrites par des prisonnier·e·s à des responsables pénitentiaires, les entretiens en face à face entre un·e prisonnier·e et un.e responsable et, enfin, les commissions de discipline où est mis en jeu le pouvoir de sanction formel de l’institution. En adoptant un regard par le bas, l’analyse distincte et globale de ces espaces permet alors de décrire une économie hybride des relations de pouvoir en prison, où cohabitent, se confrontent et se renforcent des formes relationnelles souvent décrites comme irréconciliables. Pour cela, l'recherche s’appuie à titre principal sur une enquête dans deux établissements pénitentiaires français. On y a combiné l’observation ethnographique des situations d’expression et de traitement des doléances, la réalisation d’entretiens auprès des différents acteurs de la détention et l’analyse de corpus de communication, oraux ou écrits, entre prisonnier•e•s et agents pénitentiaires.