Des existences paysannes au fil de l'eau : le grand barrage Gosikhurd et les déplacements de population au Vidarbha, Inde centrale
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Abstract EN:
Through the Jens of a "State science" in the name of “public interest” to rural inequalities and the political struggles of social movement, this thesis reflects upon the chain of uprootings and regroundings which shape the sense of peasant existences in India today. On the Wainganga river, the Gosikhurd project leads to the displacement and resettlement of 93 villages, resulting in 83 000 people having to leave their land and homestead behind as the dam waters start to rise in the reservoir. Engaged since a few decades in a global perspective of agrarian development, the State of Maharashtra therein advocates a Green Revolution for Vidarbha, a region perceived as "backwards”. If this political orientation has already been subject to multiple analyses in diverse disciplines, few have simultaneously addressed the conditions of production of such a project and the inherent impacts of submergence on the population. Grounded in a qualitative and quantitative study which followed this double process over nine years ; this research entwines a sociology of public action and social movements, a rural ethnography and a political and social anthropology in order to account for the transformations and ruptures caused by displacement. When the Indian State plans to wipe a village of the map and relocate it, how does it organize the processes of land acquisition and compensation of agrarian resources? How does the peasantry adjust to the confiscation of its rural life style and to the uncertainty of its social “forth-coming “? Finally, what are the forms of opposition or “resistance“ that the project meets in the face of such dispossession ?
Abstract FR:
De la « science de l'État » dans « l'intérêt général » jusqu'aux inégalités rurales en passant par les luttes politiques d'un mouvement social, cette thèse engage une réflexion sur la chaîne de déracinements et de ré-enracinements qui façonne le sens des existences paysannes en Inde aujourd'hui. Sur la rivière Wainganga, le projet du grand barrage Gosikhurd force le déplacement et la réinstallation de 83 000 personnes, condamnant 93 villages à disparaître sous les eaux du réservoir. Dans une perspective globale de développement agraire engagé en Inde depuis plusieurs décennies, l'État du Maharashtra prône en ce sens, au Vidarbha - une région dite « arriérée » - Ia Révolution Verte. Si cette orientation politique fait l'objet de nombreuses analyses dans diverses disciplines, peu se penchent simultanément sur les conditions de production d'un tel projet et les effets de l'ennoiement sur les populations. Au travers d'une étude qualitative et quantitative qui suit sur neuf ans ce double processus, cette recherche mêle sociologie de l'action publique et des mouvements sociaux, ethnographie rurale et anthropologie sociale et politique, pour expliquer les transformations et ruptures générées par le déplacement. Lorsqu'il est prévu de rayer un village des cartes et de le réinstaller, comment l'État indien organise-t-il l'acquisition foncière et le dédommagement des ressources agraires ? Comment la paysannerie s'ajuste-t-elle à la confiscation de son mode de vie rural et à l'incertitude de son « à venir » social ? Enfin, quelles sont les formes d'opposition ou de « résistance » qui surgissent face à cette dépossession ?